Chaque année, environ 3 000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus sont diagnostiqués en France et 1 100 femmes en meurent chaque année. Chez les femmes âgées de 15 à 44 ans, il s'agit du deuxième cancer le plus fréquent et de la deuxième cause de décès par cancer.
Selon le grade d’évolution du cancer du col de l’utérus, le traitement et la prise en charge proposés par les médecins vont changer. En cas de cancer récurrent, persistant ou métastatique, le traitement consistera en une chimiothérapie et en une radiothérapie. Mais malheureusement, les patientes concernées ont un taux de survie très faible, ne dépassant généralement pas 12 mois après le diagnostic.
Une nouvelle étude, menée par des chercheurs de l'Institut européen d'oncologie de Milan, en Italie, et présentée lors du congrès de l’European Society for Medical Oncology (ESMO 2021) révèle que l'intégration de l'immunothérapie dans le traitement de première ligne peut aider à prolonger la survie des patientes.
Une diminution de 33 % du risque de décès
L’équipe de recherche a réparti de manière aléatoire 617 femmes entre l'immunothérapie (pembrolizumab) et le placebo. Les deux groupes ont également reçu une chimiothérapie (paclitaxel plus, au choix du médecin, cisplatine ou carboplatine) et elles pouvaient recevoir du bevacizumab à la discrétion de leur médecin. Il s’agit d’un anticorps monoclonal dirigé contre le facteur de croissance de l'endothélium vasculaire, qui ralentit la croissance de nouveaux vaisseaux sanguins
Les résultats ont montré que l’ajout de l’immunothérapie a réduit de 33 % le risque de décès et de 35 % la probabilité de progression de la maladie ou de décès. Les effets secondaires les plus fréquents étaient l'anémie (30,3 % dans le groupe pembrolizumab contre 26,9 % dans le groupe placebo) et une faible concentration de globules blancs (12,4 % contre 9,7 %, respectivement).
"Des études précédentes ont montré que l'ajout d'un traitement anti-angiogénèse avec le bevacizumab à la chimiothérapie prolongeait la survie de 3,7 mois par rapport à la chimiothérapie seule", explique la Pr Nicoletta Colombo, directrice du programme de gynécologie de l'Institut européen d'oncologie de Milan et autrice principale des travaux. Selon elle, le bénéfice de la nouvelle thérapie combinée (immunothérapie et chimiothérapie) a été observé chez les personnes ayant reçu du bevacizumab et chez celles qui n'en ont pas reçu. Cependant, ajoute-t-elle, "l'étude n'a pas été conçue pour comparer statistiquement les résultats entre ces sous-groupes puisque le traitement par bevacizumab n'était pas randomisé mais laissé à la discrétion du médecin. Certaines complications courantes du cancer du col de l'utérus récurrent/persistant ou métastatique constituent des contre-indications à l'utilisation de ce médicament".
Dans cette étude, 63% des patients ont reçu du bevacizumab. "L'essai indique que le bevacizumab devrait être utilisé avec le pembrolizumab (l’immunothérapie, ndlr) lorsque cela est sûr. Pour les patients qui ne peuvent pas utiliser le bevacizumab, l'ajout du pembrolizumab à la chimiothérapie seule présente toujours un bénéfice cliniquement significatif", poursuit la chercheuse.
Une étude qui va changer l’approche thérapeutique
Pour le Dr Antonio González-Martín, directeur du centre anticancéreux de la Clínica Universidad de Navarra à Madrid (Espagne), cette étude "change la pratique". Les données sont si solides en termes d'incrément de la survie globale que cette combinaison devrait être considérée comme la nouvelle norme de soins pour les femmes atteintes d'un cancer du col de l'utérus persistant, récurrent ou métastatique".
La prochaine étape pour les chercheurs consistera à évaluer l'impact de l'immunothérapie chez les patientes atteintes d'un cancer du col de l'utérus à un stade précoce.