Avec 50 400 nouveaux cas de cancer de la prostate et 8 100 décès estimés en 2018 en France métropolitaine, le cancer de la prostate reste le plus fréquent chez les hommes de plus de 50 ans.
Bien que le taux d’incidence et le taux de mortalité tendent à décroître depuis quelques années, il reste encore au 3e rang des décès par cancer chez l’homme. D’où l’importance de mettre au point de nouvelles thérapies, plus efficaces et capables de cibler les cellules cancéreuses agressives.
Une nouvelle étude, présentée lors du Congrès 2021 de l’ESMO montre que cette nouvelle thérapie pourrait être la combinaison de la thérapie de privation d'androgènes (ADT), le traitement standard en cas de cancer de la prostate, et de trois molécules déjà utilisées, l'acétate d'abiratérone et le prednisone (AAP) et le docétaxel.
18 mois de vie gagnés grâce à la combinaison thérapeutique
Pour les hommes atteints de cancer de la prostate métastatique, la thérapie de privation d'androgènes (ADT) a été la norme de soins pendant des décennies. Depuis 2015, un agent chimiothérapeutique, le docétaxel, est régulièrement utilisé en complément de l’ADT. En 2017, il a également été démontré que l'abiratérone (un agent hormonal de nouvelle génération) améliorait la survie lorsqu'il était ajouté à l'ADT. Or, jusqu’à présent, on ne savait pas si l'un ou les deux agents devaient être ajoutés à l'ADT pour obtenir les meilleurs résultats.
Ces nouveaux travaux montent qu’une combinaison thérapeutique de ces trois médicaments permet non seulement de retarder la progression du cancer, mais aussi de prolonger la survie des patients. Lorsque l'acétate d'abiratérone et la prednisone ont été ajoutés à l'ADT et au docétaxel, les hommes ont connu une réduction supplémentaire de 25 % du risque de décès par rapport à l'ADT et au docétaxel seuls.
Selon l’auteur de cette étude intitulée PEACE-1, le Pr Karim Fizazi, oncologue médical à l'Institut Gustave Roussy et professeur d'oncologie à l'Université de Paris-Saclay, il s’agit du premier essai "établir que le traitement triplet devrait être proposé à ces hommes, en particulier à ceux qui ont les cancers les plus agressifs (ceux qui ont de multiples métastases)".
Ce traitement a par ailleurs permis aux patients qui en ont bénéficié d'obtenir 2,5 années supplémentaires sans progression du cancer et environ 18 mois de vie supplémentaires. "De plus, les effets secondaires supplémentaires liés à l'association de la triplette étaient pour la plupart légers, avec très peu d'effets secondaires graves", ajoute le chercheur.
Des résultats concluants sur les cancers non métastatiques
L'acétate d'abiratérone a aussi fait ses preuves sur le cancer de la prostate non métastatique mais à haut risque de propagation, comme le montrent les résultats d’une deuxième étude, appelée STAMPEDE. Menée par des chercheurs du University College London, au Royaume-Uni, elle montre que les hommes qui avaient reçu le traitement standard plus l'AAP pendant deux ans présentaient une amélioration de la survie sans métastase de 69 % à 82 %, une amélioration de la survie globale de 77 % à 86 % et une amélioration de la survie spécifique au cancer de la prostate de 85 % à 93 % - par rapport au traitement standard seul.
"Sur la base de ces résultats, tous les hommes atteints d'un cancer de la prostate non métastatique à haut risque devraient être considérés pour deux ans d'abiratérone. Cela impliquera davantage de visites à l'hôpital pendant cette période pour gérer l'administration du médicament, mais en réduisant les rechutes ultérieures, cela pourrait réduire la charge globale pour les patients et les services de santé", a déclaré le Pr Gerhardt Attard, auteur principal des travaux.