- Près d'une personne sur cinq hospitalisée pour des vomissements aux États-Unis a signalé en 2020 une consommation concomitante de cannabis.
- A l’heure actuelle, les scientifiques ne savent pas pourquoi certains souffrent du syndrome d'hyperémèse cannabique (ou SHC) et d’autres non.
Depuis quelques temps, les médecins américains sont confrontés à une nouvelle "épidémie de vomissements", qui sévit en particulier dans les Etats qui ont légalisé le cannabis récréatif.
Des adolescents sont touchés
Des consommateurs réguliers de cannabis, parfois très jeunes, se présentent de plus en plus aux urgences en se plaignant de graves troubles intestinaux. "Ils se tordent, se tiennent l'estomac, se plaignent de douleurs abdominales et de nausées très violentes", rapporte le Dr Sam Wang, médecin urgentiste et toxicologue à l'hôpital pédiatrique du Colorado. "Ils vomissent tout ce qu'ils ont dans l'estomac, ce qui peut durer des heures", poursuit le médecin. En général, les vomissements commencent le soir. Autre fait troublant : "les malades disent souvent qu'ils ont pris une douche brûlante avant de venir aux urgences pour se soulager, mais que cela ne les a pas aidé. Nous pensons qu’il s’agit du syndrome d'hyperémèse cannabique (ou SHC)", observe Sam Wang.
Très nouveau dans le monde médical, le syndrome d'hyperémèse cannabique a été identifié pour la première fois en 2004 par des chercheurs australiens. Ils avaient alors repéré 19 consommateurs réguliers de marijuana qui présentaient des épisodes répétés de douleurs abdominales et de vomissements, et constaté que les symptômes disparaissaient une fois que les patients arrêtaient de fumer. La moitié d’entre eux avaient alors déclaré qu’ils se soignaient en prenant des douches ou des bains extrêmement chauds. Pourquoi ? Mystère.
Augmentation des concentrations de THC
Pour tenter d’en savoir un peu plus sur ce curieux mal, le docteur Wang a réalisé une étude dans le Colorado, qui vient d'être publiée dans le JAMA. Là-bas, plus de 800 000 cas de vomissements intenses ont été signalés entre 2013 et 2018, ce qui représente une augmentation d'environ 29 % depuis la légalisation du cannabis récréatif dans cet Etat (en 2014, NDLR). Plus d'un tiers de ces cas de vomissements intenses concernaient des personnes âgées de 25 ans ou moins.
Selon Sam Wang, cette augmentation des cas pourrait être liée aux doses de THC, qui sont de plus en plus fortes. "La quantité de THC contenue dans le cannabis a considérablement augmenté ces dernières années", explique le médecin. "Dans les années 90, la moyenne était de 4 ou 5 % des produits fumés. Aujourd’hui, dans le Colorado, elle est de 15 à 20 %".