L’allaitement fait partie des recommandations du Programme national nutrition santé en France. L’Organisation mondiale de la santé recommande même de le poursuivre jusqu’à deux ans. Si le lait maternel est autant plébiscité, c'est parce qu'il renferme un ensemble de micro-organismes dont le but est d'aider le nouveau-né à développer son propre microbiome. Pour des raisons pratiques, ou parfois physiologiques, les mères ont parfois recours au tire-lait pour pouvoir nourrir ensuite leur bébé au biberon. Une équipe de scientifiques américains s’est intéressée à ce mode de collecte du lait. Dans American Journal of Clinical Nutrition, ils publient les résultats de leur étude sur le microbiome du lait maternel.
Deux méthodes de collecte du lait maternel
Une cinquantaine de femmes a participé à cette recherche. Il leur a été demandé de tirer leur lait deux fois, dans un délai de 3h30 : une fois avec un tire-lait classique et une seconde fois avec un tire-lait hospitalier et du matériel de collecte stérile. Pour plus de précision, l’étude a été randomisée : les femmes ne savaient pas quel dispositif était utilisé. Ensuite, les scientifiques ont analysé le microbiome des différents échantillons. Selon leurs résultats, le lait collecté via le tire-lait des mères contenait plus de bactéries. Pour l’instant, les auteurs de ces travaux ne savent pas si cela a des conséquences sur la santé des nourrissons. Dans l’attente d’études plus approfondies, ils recommandent aux femmes de limiter l’utilisation du tire-lait, et de privilégier l’allaitement au sein.
Une étude en faveur de l’allaitement au sein
En 2019, une étude précédente a comparé le microbiome du lait donné au sein à celui qui est tiré puis administré au biberon. Les auteurs ont observé la quantité et le type de bactéries présentes dans le lait maternel en fonction de différents facteurs. D’après leurs résultats, le mode d’administration est le seul à avoir un impact sur la composition bactérienne du lait. Le lait tiré était associé à une présence plus importante de bactéries potentiellement pathogènes.
"Une exposition accrue à des agents pathogènes potentiels dans le lait maternel pourrait présenter un risque d'infection respiratoire chez le nourrisson, expliquant pourquoi les nourrissons nourris au lait tiré courent un risque accru d'asthme pédiatrique par rapport à ceux nourris exclusivement au sein", détaille Shirin Moossavi, co-auteure de l’étude. À l’inverse, le lait bu au sein contenait des microbes présents spécifiquement dans la bouche, ainsi qu’une plus grande diversité de bactéries. "L’allaitement direct facilite l'acquisition du microbiote oral des nourrissons, tandis que l'allaitement indirect conduit à un enrichissement en bactéries environnementales (associées à la pompe)", concluent les chercheurs.