Il s’agit de la première étude qui quantifie la quantité d’anticorps nécessaire pour être protégé contre le SARS-CoV-2. Menée par des chercheurs du laboratoire de virologie du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse, la recherche a été publiée le 20 septembre dans le Journal of Infection. Selon elle, le seuil de 1700 unités/ml est le palier à atteindre afin de bénéficier d’une protection complète contre le risque d’infection ou de réinfection.
Une étude qui confirme l’intérêt de la vaccination
Cette étude confirme l’intérêt de la vaccination. Les résultats indiquent qu’avec moins de 141 unités/ml d’anticorps totaux, le taux de protection contre le Covid-19 n’est que de 12,4%. Lorsque la concentration d’anticorps dépasse 1 700 unités/ml, aucune réinfection n’a été constatée. Entre les deux, la protection contre une infection ou réinfection se situe autour de 90%. Pour les personnes vaccinées ne présentant aucun déficit immunitaire, la concentration totale d’anticorps dépasse systématiquement 141 unités/ml dans le mois qui suit la deuxième dose.
La recherche révèle également que les personnes les mieux protégées sont celles qui ont été infectées par le virus et qui ont ensuite reçu une dose de vaccin. “Ceux-là ont en majorité un taux d’anticorps totaux supérieur à 1 700 unités, affirme Chloé Diméglio, chercheuse ayant participé à l’étude. Certains peuvent même aller jusqu’à 147 000 unités/ml.” Parmi les infectés non vaccinés ensuite, une large majorité (79%) présente un taux d’anticorps totaux inférieur à 141 unités/ml trois mois après l’infection.
Établir une stratégie pour ceux qui sont en dessous des seuils minimums de protection
L’intérêt de cette étude réside dans le fait d’avoir pu quantifier le nombre d’anticorps en deçà duquel la personne n’est pas protégée. “Pour cette personne, il faudra mettre en place une stratégie, par exemple une dose de vaccin supplémentaire ou la prise d’anticorps monoclonaux pour les personnes immunodéprimées comme les transplantés, avance Chloé Diméglio. Cela permet aussi de calibrer un suivi sur le long terme et d’optimiser les stratégies de vaccination en estimant la durée de protection.”
Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont suivi les données de 8 758 personnes travaillant dans les hôpitaux de Toulouse. Ces dernières sont suivies depuis juin 2020 et la collecte des données s’est arrêtée en avril 2021, juste avant que le variant Delta ne se répande et devienne majoritaire. Parmi eux, plus de la moitié a reçu une ou deux doses de vaccin contre le Covid-19 entre janvier et avril 2021. “Nous avons observé la distribution des anticorps aux différents points de suivi de cette cohorte et nous les avons mis en regard des taux d'infection/réinfection sur la durée du suivi, précise Chloé Diméglio. Cela nous a permis d'établir des seuils d'anticorps associés à différents risques d’être infecté par le Covid-19.”
Continuer les recherches
Les chercheurs vont continuer ces travaux afin de les compléter. La prochaine étape consistera à étudier à quelle vitesse les anticorps totaux, et donc la protection, déclinent suite à la vaccination. Cela se fera à la lumière du variant Delta, plus contagieux et nécessitant peut-être la réévaluation des seuils de protection.