La question de la sécurité des joueurs de rugby se fait de plus en plus présente à mesure que les études révèlent les conséquences pour leur santé des chocs répétés à la tête. Récemment, une recherche a soutenu que pratiquer ce sport peut laisser des séquelles à vie, telles que des douleurs dorsales et articulaires. Mais c’est autour du cerveau que l’inquiétude grandit. L’ancien talonneur anglais Steve Thompson en fait les frais. Retraité du monde professionnel depuis 2011, l’ancien international du XV de la Rose aujourd’hui âgé de 43 ans souffre de démence. Pour que son cas serve à quelque chose, il a décidé de léguer son cerveau à la science.
Pour les générations futures
Donner son cerveau à la science, cela signifie que Steve Thompson va se mettre à la disposition de scientifiques du Concussion Legacy Project, une fondation qui agit pour la prévention des dangers des commotions. Ces derniers vont effectuer de nombreux tests afin de mieux comprendre l’impact des chocs à la tête. L’objectif est de servir d’exemple pour les prochaines générations et de trouver des moyens de prévenir le problème de la prise en charge des commotions cérébrales. “Je donne mon cerveau pour que les enfants des gens que j’aime n’aient pas à vivre ce que j’ai vécu, a-t-il indiqué à la BBC. C’est à ma génération de se mobiliser pour que les chercheurs puissent développer de meilleurs traitements et des moyens de rendre le jeu plus sûr.”
Précisément, Steve Thompson souhaite faire avancer les recherches concernant l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC). Cette maladie dégénérative du cerveau se déclenche à la suite de traumatismes crâniens. Récurrente chez les anciens rugbymen, cette affection est très handicapante. Elle joue notamment sur la mémoire. Au cours d’un entretien avec le Guardian, Steve Thompson a avoué n’avoir plus aucun souvenir de la Coupe du monde remportée en 2003 avec l’Angleterre. “Sachant ce que je sais maintenant, j’aurais aimé ne jamais devenir professionnel”, a-t-il lâché.
Une démence précoce
L’idée de ce don à la science est apparue après que l’ancien joueur, passé en France par le club de Brive, s’est vu diagnostiquer une démence précoce en novembre 2020. Un choc qui l’a conduit, avec près d’une centaine d’anciens joueurs, à intenter une action en justice contre World Rugby, la Fédération anglaise et la Fédération galloise de rugby, qu’ils accusent d’avoir mal pris en charge le problème des commotions cérébrales.