- Les adultes souffrant de migraines chroniques plutôt qu'épisodiques ont un plus mauvais sommeil.
- Les enfants souffrant de migraines ont également pris plus de temps pour s'endormir, avaient moins de temps de sommeil total et plus de temps d'éveil.
Récemment, des chercheurs ont découvert une forte association entre les migraines et les troubles du sommeil chez les enfants. Dans une nouvelle méta-analyse, des chercheurs britanniques du King's College de Londres ont rapporté que les patients migraineux ont un sommeil paradoxal plus fragile que les autres. Ils ont publié leurs résultats le 22 septembre dans la revue Neurology.
Mieux comprendre la relation migraines – troubles du sommeil
Les chercheurs ont souhaité mieux comprendre le rapport entre les migraines et les troubles du sommeil. “Nous voulions analyser les recherches récentes pour obtenir une image plus claire de la façon dont les migraines affectent les habitudes de sommeil des gens et la gravité de leurs maux de tête, a dévoilé Jan Hoffman, auteur principal de l’étude. De cette façon, les cliniciens peuvent mieux soutenir les personnes souffrant de migraines et offrir des traitements du sommeil plus efficaces.” Pour cela, lui et son équipe de scientifiques ont examiné 32 études portant à la fois sur une population d’enfants et d’adultes.
Les associations précédemment observées entre les troubles du sommeil et les migraines ont été difficiles à démêler pour les chercheurs. Les altérations du sommeil peuvent être à la fois un déclencheur, un traitement ou un symptôme des migraines. Pour y voir plus clair sur la qualité du sommeil des patients migraineux, l’étude a inclus plus de 10 000 adultes et enfants qui avaient participé à des études antérieures. Pour cela, ils ont étudié les réponses des participants à un questionnaire sur la qualité de leur sommeil.
Le sommeil paradoxal, un moment crucial
Les adultes souffrant de migraines ont obtenu de moins bons résultats que les participants en bonne santé sur la qualité de leur sommeil. Cette constatation était plus fréquente chez les adultes souffrant de migraines chroniques qu'épisodiques. De nombreux participants ont subi une polysomnographie pendant la nuit, qui permet d’enregistrer certaines fonctions corporelles pendant le sommeil pouvant ainsi diagnostiquer les troubles du sommeil. Ces tests ont montré que les adultes et les enfants souffrant de migraines présentent un pourcentage de sommeil paradoxal inférieur à celui des groupes témoins. Les enfants souffrant de migraines ont également pris plus de temps pour s'endormir, avaient moins de temps de sommeil total et plus de temps d'éveil.
Le sommeil paradoxal est un moment crucial dans le cycle de sommeil. C’est notamment là que se consolide la pensée et la mémoire. Il se caractérise par plus de rêves, de mouvements corporels et une fréquence cardiaque ainsi qu’une respiration plus rapide que dans les autres stades du sommeil.
Pas de lien causal
Quelques limites sont à apporter à l’étude. Tout d’abord, elle n’établit pas de lien causal entre les migraines et les troubles du sommeil. Ensuite, les études incluses dans la méta-analyse n'ont pas indiqué si les patients migraineux ont souffert de migraines pendant le sommeil lui-même. En outre, six d’entre elles n’ont pas inclus une nuit supplémentaire pour que les participants s'adaptent au laboratoire du sommeil, ce qui peut affecter le sommeil paradoxal. Enfin, les auteurs n’ont pas totalement rendu compte des diagnostics potentiels de santé mentale ou l'utilisation de médicaments, qui pourraient tous deux influencer le sommeil.
Néanmoins, ces recherches fournissent “une compréhension plus claire des migraines et de la façon dont elles affectent les habitudes de sommeil”, affirme Jan Hoffman. Les études ont montré un lien étroit entre les maux de tête et une mauvaise nuit. Des recherches antérieures ont signalé une réduction du sommeil paradoxal la nuit précédant une crise de migraine. Elles ont également mis en évidence le fait qu’un symptôme de migraine qui s'est aggravé après la privation de sommeil paradoxal est l'allodynie cutanée. Cela correspond au fait que lorsqu'une personne ressent de la douleur après avoir touché sa peau d'une manière qui ne produit généralement pas de douleur. Cela suggère un dysfonctionnement possible des processus de sommeil paradoxal qui pourrait provoquer des migraines.