Réduction de la taille, douleurs intenses dans le dos…maladie dite "silencieuse", l’ostéoporose n’en est pas moins un vrai problème pour beaucoup de personnes passé l’âge de 65 ans. Affliction osseuse liée au vieillissement, elle se caractérise par une diminution de la densité de l’os et des modifications de sa microarchitecture. L’os est plus fragile et le risque de fracture augmente. Parmi les facteurs intervenant dans la régulation de la masse osseuse, la vitamine D mais surtout les hormones sexuelles. La maladie est notamment connectée aux changements hormonaux liés à la ménopause et bien qu’elle puisse également toucher les hommes, est surtout répandue chez les femmes ménopausées. Pour donner une idée en termes de chiffres, en Europe et aux Etats-Unis, 30% des femmes ménopausées présenteraient de l’ostéoporose.
Chez certains, la perte de masse osseuse n’aura pas de conséquences graves, mais chez d’autres, l’accélération anormale de la résorption osseuse non compensée par une formation osseuse suffisante entraînera une perte excessive de la masse osseuse et de sa résistance. On parle alors d’ostéoporose. Quand la maladie débute, le médecin traite d’abord une éventuelle carence en vitamine D et ou en calcium, notamment en encourageant son patient à changer son alimentation. Il l’incite également à faire plus d’activité physique, à réduire sa consommation d’alcool et de sel et à arrêter le tabac s’il est fumeur. Mais si la maladie se confirme et empire, il pourra prescrire différents médicaments. Parmi eux, les biphosphonates. Certains ayant associé ces derniers à une chute des dents, Pourquoi Docteur fait aujourd’hui le point.
"On dispose de données montrant un certain parallélisme entre la probabilité d’avoir une ostéoporose et la perte des dents", explique Bernard Cortet, rhumatologue au CHU de Lille à Pourquoi Docteur. Globalement, les patients souffrant d’ostéoporose ont donc tout intérêt à prendre le plus grand soin possible de leur hygiène bucco-dentaire et à consulter leur chirurgien-dentiste régulièrement. Mais la plus grande problématique vient de certains traitements : les biphosphonates qui peuvent entraîner une complication grave : l’ostéonécrose de la mâchoire", poursuit l’expert. Ce phénomène a beau être extrêmement rare (une personne sur 10 000 est concernée), "il y a parfois une confusion dans l’esprit des patients qui pensent que les traitements de l’ostéoporose peuvent être dommageable pour les dents, ce qui bien évidemment n’est pas le cas." Bernard Cortet encourage donc les patients à réaliser un bilan bucco-dentaire avant d’entamer un traitement.
Certains dentistes continuent de déconseiller des traitements contre l’ostéoporose
"Il n’y a pas de fracture de la mâchoire en rapport avec une ostéoporose et nous n’avons pas beaucoup de données spécifiques quant à l’impact des traitements au niveau de la mâchoire", insiste-t-il. L’os alvéolaire, qui supporte les dents, est quant à lui susceptible au vieillissement, à des facteurs hormonaux mais surtout à des facteurs locaux comme la mastication et bien évidemment l’état sous-jacent des dents. C’est pourquoi, là encore, une alimentation plus riche en vitamine D est à recommander. Elle sera sans doute, en plus d’être positive pour le squelette, bénéfique aux dents du patient.
Mais si les données ne font état d’aucun risque particulier, pourquoi des dentistes continuent-ils donc de déconseiller certains traitements contre l’ostéoporose ? "Il y a une certaine confusion dans l’esprit des dentistes entre ces biphosphonates utilisés chez les gens qui ont de l’ostéoporose et les biphosphonates qui peuvent être prescrites chez des personnes beaucoup plus malades qui ont un cancer des os. On utilise certaines molécules similaires dans les deux cas mais la quantité bien supérieure dans le domaine des métastases osseuses", indique Bernard Cotet. "Le véritable problème de l’ostéonécrose de la mâchoire, c’est quand on souffre de métastases osseuses." La fréquence de ce phénomène est alors beaucoup plus élevée, puisqu’il touche 1%, voire 10% des patients. Quant aux extractions dentaires, il est tout à fait possible de les effectuer quand on souffre d’ostéoporose et qu’on est traité par biphosphonates, assure le spécialiste.
Instaurer un dialogue rhumatologue, dentiste, patient
Malheureusement, de nombreux dentistes estiment que ce traitement est trop dangereux. C’est pourquoi, il faut instaurer un dialogue entre le praticien, le patient et le rhumatologue qui prescrit le traitement. "Quand le patient a vraiment un risque très élevé de fracture, je pense qu’il est important de démarrer un traitement très vite. En revanche, quand c’est moins urgent, qu’il s’agit d’une ostéoporose uniquement densitométrique par exemple, il est raisonnable d’effectuer les soins dentaires à leur terme", précise Bernard Cortet.
En conclusion, "il y a un parallélisme entre le fait d’avoir de l’ostéoporose et la chute prématurée des dents, même si aucune donnée ne prouve ce lien." il faut donc faire un bilan bucco-dentaire avant la mise en place d’un traitement sous biphosphonates, recommande-t-il. "Mais il faut savoir raison garder et, si le risque fracturaire est très élevé, envisager de débuter le traitement avant d'entamer les soins dentaires."