Une odeur, un parfum ou encore une chanson peuvent nous remémorer un souvenir. C’est ce qu’on appelle la mémoire associative, c’est-à-dire un lien automatiquement fait par notre cerveau entre ce type d’éléments olfactifs ou auditifs et des situations, des moments ou des personnes. L’origine de cette réaction vient d’une zone du cerveau appelée le lobe temporal médian, qui regroupe l'hippocampe, l'amygdale (la région des émotions) et une petite région corticale appelée cortex rhinal. Cette dernière est composée de deux sous-régions appelées cortex entorhinal et cortex périrhinal.
Des rats capables de se souvenir d’un chemin grâce aux odeurs
Une étude publiée en 2014 dans la revue Nature précisait les zones du lobe temporal médian impliquées dans la mémoire associative. Il s’agissait du cortex entorhinal, qui traite les informations olfactives, et de l’hippocampe, qui les stocke. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont entraîné 17 rats à mémoriser un chemin grâce à des odeurs. Résultat : l’association d’une odeur à un lieu - avec un taux de réussite allant jusqu’à 85% à la fin de l’expérience - se situait dans ces deux zones du cerveau, le cortex entorhinal et l’hippocampe. Autrement dit, grâce à des odeurs, les rats ont appris à se souvenir d’un contexte, ici le chemin défini par les chercheurs.
Des cellules contrôlées par la dopamine
Mais jusqu’à présent, si les scientifiques identifiaient les zones, ils ne connaissaient pas précisément les cellules impliquées dans ce phénomène. Ainsi, une nouvelle étude publiée dans la revue Nature, précise justement cette inconnue. "Bien que la mémoire associative soit l'une des formes de mémoire les plus élémentaires de notre vie quotidienne, les mécanismes sous-jacents à cette mémoire restent flous", explique Kei Igarashi, principal chercheur de l’étude.
Lors de ces travaux, les scientifiques ont découvert le type spécifique de cellules responsables de l'acquisition de nouveaux souvenirs associatifs. Celles-ci sont situées dans le lobe temporal médian et sont contrôlées par la dopamine, une molécule biochimique qui permet la communication au sein du système nerveux. Sa présence dans l’organisme provoque une sensation de plaisir qui active le système de récompense et joue un rôle dans la motivation.
De possible futurs traitements contre la maladie d'Alzheimer
Dans cette étude, les chercheurs ont entraîné le cerveau de souris à associer des odeurs spécifiques à des récompenses. Ainsi, ils ont pu identifier précisément les cellules impliquées dans la mémoire associative et comprendre comment elles enregistraient de nouvelles associations : grâce à la dopamine qui les stimule afin qu’elles enregistrent un lien entre un élément olfactif ou auditif et une situation ou une personne.
"Nous ne nous attendions pas à ce que la dopamine soit impliquée dans le circuit de la mémoire, souligne Kei Igarashi. Cependant, avec le nombre de preuves que nous avons obtenues (par les expériences), il devenait certain que la dopamine était impliquée". À terme, ces découvertes permettront peut-être d’élaborer de nouvelles thérapies pour ralentir la perte des capacités de mémoire associative dans certaines maladies neurodégénératives comme celle d'Alzheimer. Actuellement, 1,2 million de personnes en sont atteintes dans l’hexagone selon l’Assurance maladie.