Le Costa Rica est un endroit où il fait bon vivre en osmose avec la nature. À lui seul, le pays abrite environ 5% de la biodiversité mondiale et possède la plus grande biodiversité au kilomètre carré. Dans cette démocratie verte dépourvue d’armée et où un quart du pays est un territoire protégé, on trouve également l’une des cinq zones bleues mondiales. Il s’agit de territoires possédant un taux anormalement élevé de centenaires.
Barbagia, Loma Linda, Icaria et Okinawa
À Nicoya, située dans la province de Guanacaste au nord-ouest du pays, la longévité des habitants est étonnante. En reportage dans la région, l’AFP raconte l’histoire de Saturnino Lopez, dit Sato, un habitant de 94 ans qui part tous les matins couper le bois dont il aura besoin la journée avant de partir se promener autour de sa maison. “Pour mon âge je me sens bien car le Seigneur me donne la force de marcher doucement. Je pars faire peut-être 1 kilomètre ou même 4 kilomètres, puis je rentre, calmement”, raconte-t-il. Dans cette zone, on dénombre plus de 1 010 Costariciens âgés de plus de 90 ans qui forment une zone bleue.
Le concept de zone bleue est apparu à la fin du XXème siècle lorsque le démographe belge Michel Poulain et le médecin italien Gianni Pes relèvent une étrange proportion de centenaires dans la région de Barbagia, en Sardaigne (Italie). Sur leur carte, ils ont entouré les villages de montagne avec un stylo bleu, geste qui inspira le nom de ces lieux où il fait bon vieillir. Par la suite, la National Geographic Society, basée à Washington, a identifié trois autres zones bleues où l’espérance de vie est anormalement longue : Loma Linda en Californie (États-Unis), Icaria en Grèce et Okinawa au Japon.
Avoir des objectifs
Ce qui frappe à Nicoya, c’est le calme et la douceur de la vie. Loin de l’agitation citadine, les habitants vivent au rythme du soleil et de leurs activités, sans stress et objectif de résultat. “Pendant la journée, si vous devez balayer le patio, vous le balayez ; si vous devez couper du bois, vous le coupez. Il y a plein de petites choses à faire”, décrit Don Sato qui vit dans le village de Dulce Nombre. Concernant son alimentation, le nonagénaire dit se nourrir “de riz, de haricots, d'un peu de viande, de fruits et d'avocats”.
Il ne faut pas s’y méprendre, si la vie est paisible, elle n’est pas sans but. “Se fixer des objectifs est essentiel pour vieillir en bonne santé, affirme même Aleyda Obando, responsable de la Sécurité sociale de Nicoya. Ils ont toujours des projets en tête pour planter quelque-chose dans le jardin, voir leurs amis (...) C'est la somme de plusieurs petites choses qui font que cette population vit plus longtemps.” Tout le monde reste actif, mange les produits de la région et a une vie sociale épanouie. “On a toujours mangé ce que nous faisons pousser”, poursuit Clémentina, 91 ans, qui habite la région avec son mari Agustin âgé de 100 ans. Ce dernier est l’un des 53 centenaires de la région.
Une zone bleue en pleine croissance
Cette zone bleue serait en plein essor à en croire le démographe Gilbert Brenes qui travaille à l’université du Costa Rica. Selon lui, “l'élan démographique et le taux de fécondité plus élevé qu'auparavant” en sont les raisons. Cependant, cela ne devrait pas durer “plus que 20 à 30 ans”, estime-t-il. Les moins bonnes pratiques alimentaires des nouvelles générations, plus enclins à développer de l’obésité ou du diabète, et la présence accrue de nourriture transformée en provenance de l’étranger pourraient bien nuire à cette zone bleue.