- Ce type de tabac est dangereux car il est fortement prisé par les jeunes, notamment en raison de son coût proportionnellement moins élevé que les cigarettes classiques.
- La crise sanitaire a augmenté la consommation de tabac et notamment de tabac à rouler.
Souvent perçu comme la solution économique par les fumeurs, le tabac à rouler est tout aussi dangereux que les cigarettes traditionnelles. Il serait même pire à croire le Dr Anne-Laurence Le Faou, présidente de la Société francophone de tabacologie et responsable du Centre de tabacologie de l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris. “Une cigarette roulée, c’est l’équivalent de deux ou trois cigarettes classiques”, alerte-t-elle dans un entretien au Parisien.
Moins cher et plus attrayant
Ce type de tabac est dangereux car il est fortement prisé par les jeunes. “Le tabac à rouler, même bio, présenté dans un joli emballage qui lui donne un air naturel, est extrêmement toxique, même si vous ajoutez un filtre !”, souligne Anne-Laurence Le Faou. Pour éviter d’attirer une clientèle jeune, la spécialiste en tabacologie suggère d’augmenter les taxes et donc les prix pour réduire l’écart avec les cigarettes classiques. “Cela diminuerait l’initiation au tabagisme”, estime-t-elle.
La crise sanitaire n’a pas amélioré la solution, au contraire. “J’ai remarqué que beaucoup de patients ont rechuté pendant cette période où ils restaient chez eux, a-t-elle constaté. Nombre d’entre eux craignaient pour leur emploi à ce moment-là, et certains se trouvent toujours au chômage aujourd’hui, avec comme conséquence une augmentation de la consommation de tabac perdurant au-delà du confinement.”
Arrêter de fumer, tout court
L’objectif n’est pas seulement de détourner les fumeurs de tabac à rouler de cette forme de consommation mais bien d’inciter à ne plus fumer tout court. Anne-Laurence Le Faou plaide pour “développer partout les possibilités d’aide à l’arrêt du tabac, notamment pour les personnes dont les ressources sont faibles car ce sont elles qui fument le plus et qui continuent à fumer et parfois, malgré un prix des cigarettes plus élevé, indique-t-elle. Ce sont, elles aussi, qui orientent leur consommation vers le tabac à rouler, moins cher. Des moyens en personnel sont enfin à développer en France car l’offre de soins est bien moins développée que dans les pays anglo-saxons, en particulier pour les fumeurs qui en auraient le plus besoin.”