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"2ème cerveau"

Autant de neurones dans notre intestin que dans le cerveau d'un chat !

Par Diane Cacciarella

Preuve que c’est bien notre 2ème cerveau : le intestins fonctionneraient même en étant déconnectés du système nerveux !

ChrisChrisW/iStock
Selon une étude, le microbiote intestinal est capable d’assurer ses fonctions même s’il est déconnecté du système nerveux central.
Le deuxième cerveau de l’homme, l’intestin humain est composé d’autant de cellules gliales et de neurones que ceux présents dans le cerveau d’un chat.

"La plupart des gens ne savent même pas qu'ils ont cela dans leurs tripes", s’exclame Brian Gulbransen, l’un des auteurs d’une étude récemment publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS). Ce dont le scientifique parle, c’est le microbiote intestinal, ou plus précisément les nouveaux pouvoirs que lui et son équipe viennent de trouver à cette partie de notre organisme. 

Le microbiote intestinal fonctionne de manière autonome

Le microbiote est une partie de l’intestin où vivent tout un ensemble de micro-organismes : bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes. Il est souvent considéré comme notre deuxième cerveau car il influence une grande partie de l’organisme, comme le système immunitaire, cardio-vasculaire, osseux et, bien sûr, le cerveau. Les auteurs de l’étude viennent de découvrir que le microbiote intestinal pourrait effectuer un bon nombre de ses tâches habituelles de façon autonome, c’est-à-dire même s'il était déconnecté du système nerveux central. Autrement dit, il s’agit d’un système de contrôle à part entière. 

“Il y a un vaste réseau de neurones et de cellules gliales dans nos intestins"

Autre découverte des scientifiques : les cellules gliales et les neurones qui vivent dans l’intestin sont aussi nombreux que ceux présents dans le cerveau d’un chat, ce qui signifie beaucoup pour cette partie de notre corps. "C’est comme un deuxième cerveau dans nos intestins, affirme Brian Gulbransen. Il y a un vaste réseau de neurones et de cellules gliales dans nos intestins". Les cellules gliales permettent, entre autres, de produire de la myéline, une membrane qui entoure les neurones. Celle-ci isole et protège les fibres nerveuses du cerveau et de la moelle épinière, elle est donc essentielle au système nerveux central et périphérique, notamment pour la conduction des messages nerveux. 

Les cellules gliales permettent la bonne transmission des messages nerveux

D’après les scientifiques, les cellules gliales - ou la glie - joueraient aussi un rôle très important pour influencer les signaux transportés par les circuits neuronaux. “Les cellules gliales sont une partie active du réseau de signalisation, mais n’ont pas le même rôle que les neurones, souligne Brian Gulbransen. La glie module ou modifie le signal nerveux”. Les neurones déterminent donc le contenu du message nerveux, tandis que la glie détermine la forme et permet que la liaison se passe bien. Fort de cette découverte, les auteurs espèrent pouvoir contribuer à mettre au point de nouveaux traitements pour les troubles intestinaux. 

La glie impliquée dans d’autres problèmes intestinaux

Plus tôt cette année, cette même équipe de chercheurs avait déjà découvert que la glie pouvait être un moyen de traiter le syndrome du côlon irritable. Ils estiment désormais que les cellules gliales pourraient aussi être impliquées dans plusieurs autres problèmes intestinaux, comme la constipation. “Nous pouvons maintenant commencer à nous demander s'il existe un moyen de cibler un type ou un ensemble spécifique de cellules gliales et de modifier leur fonction d'une manière ou d'une autre, explique Brian Gulbransen. Pour l'instant, il n'y a pas de cause connue (...) Il y a juste une partie de leur intestin qui cesse de fonctionner”. Selon l’Assurance maladie, le syndrome de l'intestin irritable - ou syndrome du côlon irritable - touche environ 5 % de la population française. Une pathologie chronique, qui dégrade la qualité de vie des personnes qui en souffrent.