Les sens à l'honneur ! Ce lundi, les deux scientifiques américains David Julius et Ardem Patapoutian ont reçu le prix Nobel de médecine pour leur découverte de récepteurs du corps humain sensibles à la température, au toucher et à la douleur. Ils ont reçu leur prix à Stockholm à l’occasion de la 120ème cérémonie des prix Nobel qui va se poursuivre toute cette semaine avec les lauréats de physique, chimie, littérature, paix et économie. Il s’agit d’une petite surprise, alors que certains imaginaient un trophée en rapport avec la pandémie, notamment lié à la technologie de l’ARN messager.
Mieux comprendre la sensation de toucher
Dans leurs travaux, les chercheurs sont parvenus à mieux comprendre la sensation de toucher, peut-être le moins compris des cinq sens. Ils ont identifié des récepteurs liés à la perception de la température, de la douleur ou encore de la pression. Ces derniers mettent en lumière la façon de réduire la douleur chronique et aiguë associée à une gamme de maladies, de traumatismes et de leurs traitements, par exemple ceux associées à des processus inflammatoires comme l'arthrite.
Leurs “découvertes révolutionnaires” ont “permis de comprendre comment la chaleur, le froid et la force mécanique peuvent être à l’origine des impulsions nerveuses qui nous permettent de percevoir et de nous adapter au monde”, a commenté le jury Nobel à Stockholm.
Des travaux complémentaires
David Julius est âgé de 65 ans et est professeur à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA). Il a utilisé la capsaïcine, un composant actif du piment qui provoque une sensation de brûlure, pour identifier un capteur dans les terminaisons nerveuses de la peau qui réagit à la chaleur. Précisément, il s’agit d’un canal ionique, baptisé TRPV1, qui s’active par sources de chaleur douloureuses, et qui vient compléter la palette des capteurs de températures déjà connus. David Julius et Ardem Patapoutian ont également “utilisé la substance chimique menthol pour identifier TRPM8”, un récepteur qui s'est avéré être activé par le froid.
Ardem Patapoutian a 54 ans et travaille comme professeur à l’institut de recherche Scripps en Californie. Il a, lui, utilisé des cellules sensibles à la pression pour découvrir une nouvelle classe de capteurs, appelés Pizeo, qui répondent aux stimuli mécaniques dans la peau et les organes internes. “Les canaux TRP sont essentiels pour notre capacité à percevoir la température, résume le comité Nobel. Le canal Piezo2 nous donne le sens du toucher et la capacité de ressentir la position et le mouvement de nos parties du corps.”