Le cannabis est-il l’avenir du traitement contre l’épilepsie ? Alors que ce trouble neurologique touche environ 700 000 personnes en France, de plus en plus d’études mettent en avant les effets positifs de certains cannabinoïdes présents dans le cannabis pour soulager les crises d’épilepsie.
Parmi elles, de nouveaux travaux publiés dans le British Journal of Pharmacology. Ses auteurs, des pharmacologues de l'Université de Sydney (Australie), rapportent pour la première fois que trois cannabinoïdes acides présents dans le cannabis réduisent les crises dans un modèle de souris du syndrome de Dravet. Il s’agit d’une forme intraitable d'épilepsie infantile qui se caractérise par des crises fréquentes et entraîne des retards dans le développement cognitif et moteur. Souvent, les thérapies conventionnelles ne permettent pas un contrôle adéquat des crises et les patients ont une qualité de vie réduite.
"Dès le début du XIXe siècle, des extraits de cannabis ont été utilisés en médecine occidentale pour traiter les crises, mais la prohibition du cannabis a empêché l'avancement de la science, a déclaré le professeur associé Jonathon Arnold de l'Initiative Lambert pour la thérapeutique des cannabinoïdes et de l'école de pharmacie de Sydney. Maintenant, nous sommes en mesure d'explorer comment les composés de cette plante peuvent être adaptés à des traitements thérapeutiques modernes."
Des recherches sur le cannabis depuis 2015
Les travaux ont commencé en 2015, lorsque l’Université de Sydney a reçu un don historique de 33,7 millions de dollars de Barry et Joy Lambert afin de financer des recherches à long terme sur le potentiel médicinal de la plante de cannabis. Leur petite-fille Katelyn souffre en effet du syndrome de Dravet et ils ont constaté une amélioration spectaculaire de son état de santé grâce à un extrait de cannabis. Ils ont donc établi un programme de recherche préclinique sur l'épilepsie pour aider à comprendre comment les extraits de cannabis, un mélange de centaines de molécules bioactives, ont des effets anticonvulsifs.
"Notre programme de recherche consiste à tester systématiquement si les différents constituants du cannabis réduisent les crises dans un modèle de souris du syndrome de Dravet. Nous avons commencé par tester les composés individuellement et avons trouvé plusieurs constituants du cannabis ayant des effets anticonvulsivants", explique le Pr Arnold.
Une réduction significative des crises
Dans ce dernier article, les chercheurs démontrent les effets anticonvulsivants de trois cannabinoïdes plus rares. Il s’agit de cannabinoïdes acides, qui sont des cannabinoïdes biosynthétisés dans la plante et qui se trouvent dans les extraits de cannabis artisanaux utilisés pour traiter les enfants épileptiques. L'un de ces cannabinoïdes, l'acide cannabigérolique (CBGA), est, selon le Pr Arnold la "mère de tous les cannabinoïdes" car c'est la molécule précurseur de la création de cannabinoïdes plus connus, comme le cannabidiol (CBD) et le tétrahydrocannabinol (THC).
D’après les chercheurs, le CBGA est plus puissant que le CBD pour réduire les crises dans un modèle de souris atteintes du syndrome de Dravet. L'équipe poursuit donc ses recherches dans l'espoir de mettre au point traitement à base de cannabis pour le syndrome de Dravet.
"Nous avons évalué les cannabinoïdes un par un et maintenant nous explorons ce qui se passe lorsque vous les réunissez tous. Il existe une réelle possibilité que tous ces cannabinoïdes anticonvulsifs individuels soient plus efficaces lorsqu'ils sont combinés", affirme le Dr Anderson.