- Pourquoi Docteur : Marie-Hélène, vous êtes chirurgien-dentiste en Bretagne et vous utilisez une lampe qui corrige les troubles de la lecture. Qu'est-ce qu'apporte ce dispositif lorsque l’on est dyslexique ?
On lit mieux, tout simplement. Cela facilite la lecture, la fluidité et du coup la compréhension C’est une lampe que l’on garde allumée, il y a une façon de la positionner par rapport au livre et qui envoie une lumière qui a la particularité d’adapter la vision au fonctionnement cérébral des dyslexiques.
- Quand et comment aviez-vous été diagnostiquée ?
Cela a été une découverte fortuite. Quand j’étais enfant cela ne se diagnostiquait pas, comme j’étais plutôt tonique j’ai surmonté les difficultés et on pouvait même déjà me considérer comme une grande lectrice. Mais lorsque mon fils a eu 16 ans, on a voulu vérifier s’il était ou non dyslexique … et, moi qui l’accompagnais pour ce test, je faisais les mêmes réponses que lui !
- Vous avez fait des études de médecine... Ce trouble a dû vous pénaliser. Il n’était pas apparu à ce moment-là ?
Non ce n’était pas apparu, j’avais une certaine énergie qui m’a permis de compenser. Dans ce trouble on est vraiment dans des techniques de compensation. Vous pouvez très bien conduire en marche arrière et vous débrouiller dans la vie même si c’est tellement mieux en marche avant ! En fait, être dyslexique, ce n’est pas forcément un problème. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est une chance, mais c’est une différence très intéressante
- Avec cet appareil, comment mesure-t-on l’amélioration ?
Il y a deux choses qui se mesurent dans la lecture, c’est la vitesse de lecture et la compréhension. Evidemment ce que l’on mesure le plus facilement, c’est la vitesse de lecture. Mais personnellement, je ne peux pas dire précisément ce que cela me fait gagner en vitesse de lecture parce que j’utilise en parallèle d’autres techniques de lecture rapide qui peuvent interférer.
Mais pour expliquer ce que cela change vraiment, je dirai que c’est comme quand, lorsque l’on est enfant et que l’on doit lire à voix devant toute la classe, si on est trop concentré sur la lecture, on peut perdre le sens de ce que l’on lit, le fil de l’histoire en quelque sorte. Et bien depuis que j’ai commencé à utiliser cette lampe, j’ai eu le sentiment que mes yeux vont sans difficultés de mot en mot comme des cabris de rocher en rocher dans une montagne et que cela donne aux mots davantage de goût. Cela met du relief dans la lecture et surtout cela apporte une chose qui ne se mesure pas, c’est le plaisir de lire !
- Est-ce que cette lampe est facile à utiliser ?
J’ai commencé à l’utiliser sans même lire la notice ! Je ne voulais pas être sous influence et conditionnée par la technologie utilisée et je ne voulais pas être dans une sorte d’effet placebo ! J’ai trouvé seule immédiatement les bons réglages !
- Diriez-vous que ce matériel constitue une révolution pour les dyslexiques ?
Pour moi, c’est une révolution ! Pour des petits, je ne peux pas dire, car il y a le problème de pouvoir disposer de la lampe partout où ils doivent lire et notamment à l’école.
- Cela peut-il dispenser des autres accompagnements ?
En première intention, et notamment pour être certain du diagnostic, il faut bien sûr passer par l’orthophoniste. Et la plupart de ceux qui s’équipent de ce dispositif sont en parallèle déjà suivis par ces spécialistes.