En 2015, 33 202 personnes ont été touchées par la maladie de Lyme en France, selon le ministère des Solidarités et de la Santé. Cette pathologie - aussi appelée borréliose de Lyme - n’est pas contagieuse entre humains. L’Homme ne peut l’attraper que s’il est piqué par une tique infectée par la bactérie Borrelia burgdorferi. Parfois, l’individu n’a aucun symptômes suite à l’infection mais, dans certains cas, cette piqûre peut entraîner une maladie invalidante, avec des douleurs articulaires durables, une paralysie partielle des membres, etc. Toutefois, si elle est traitée à temps, elle peut être maîtrisée par la prise d’antibiotiques. Les désavantages de ces médicaments sont multiples. D’abord, ils sont à large spectre, c’est-à-dire qu’ils tuent un large éventail de bactéries, ce qui est néfaste pour les bonnes bactéries présentes dans notre flore intestinal. D’autre part, leur utilisation répétée peut favoriser l’antibio-résistance. Enfin, ils ont des effets secondaires, notamment des diarrhées parfois sur une longue durée.
Un nouveau traitement à l’action ciblé...
Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Cell, des chercheurs viennent de découvrir un nouveau traitement contre la maladie de Lyme. Il s’agit d’un antimicrobien à l’action ciblée qui pourrait donc éliminer uniquement la bactérie en cause dans la maladie de Lyme. De plus, celui-ci ne serait pas nocif pour les animaux ou ni pour la flore intestinale. Les scientifiques estiment que si cet antimicrobien était répandu dans la nature, il pourrait permettre d’éradiquer la maladie de Lyme sans effets néfastes sur l’environnement. “La maladie de Lyme est bien placée pour être éradiquée, estime Kim Lewis, l’un des auteurs de l’étude. Nous nous préparons, le premier essai sur le terrain aura lieu l’été prochain”.
…l’hygromycine A, un antimicrobien sans danger pour les animaux
Dans le détail, les chercheurs ont découvert que l'hygromycine A, un antimicrobien produit par la bactérie Streptomyces hygroscopicus, était particulièrement actif pour lutter contre la bactérie Borrelia burgdorferi à l’origine de la maladie de Lyme. Pour parvenir à ce résultat, ils ont nourri des souris avec des appâts contenant de l’hygromycine A. Résultats : leur infection par la bactérie Borrelia burgdorferi a rapidement disparue ! Les scientifiques concluent donc qu’en mettant ces mêmes appâts dans la nature, il serait donc possible d’éliminer la maladie de Lyme de zones entières, voire de pays entiers. Autre avantage de l'hygromycine A : elle est totalement inoffensive pour les animaux. “Même à très forte dose, l'hygromycine A ne présente aucun signe de toxicité, ce qui suggère que ce composé est sûr”, insiste Kim Lewis.
L'hygromycine A a été découverte en 1953 mais, jusqu’à présent, les scientifiques l’avaient un peu délaissé car elle était inefficace contre un large panel de bactéries. Et c’est justement ce qui a intéressé les chercheurs de cette étude : comme cet antimicrobien a peu d’effet sur la plupart des autres bactéries, il peut donc être considéré comme un traitement ciblé. Autrement dit, il est très efficace pour lutter contre la maladie de Lyme, mais sans avoir d’effets indésirables sur d’autres bactéries de l’organisme. D’autre part, l’étude a aussi prouvé que la bactérie Borrelia burgdorferi n'était pas capable de développer une résistance à l'hygromycine A, ce qui signifie que le traitement pourrait être efficace sur le très long terme.
Les recherches sur cet antimicrobien vont se poursuivre. Les chercheurs viennent de demander la permission de passer à la phase 3 de leur essai clinique : pouvoir tester l'hygromycine A sur l’Homme.