Chaque année en France selon la Haute Autorité de santé (HAS), environ 50 000 femmes et 16 000 hommes sont touchés par une fracture de la hanche. Concernant majoritairement des personnes âgées, elle est souvent due à une chute de sa hauteur et est en lien avec une fragilité osseuse, telle que celle causée par l’ostéoporose.
Si la plupart des patients souffrant d'une fracture de la hanche bénéficient d'une anesthésie générale, le recours à la rachianesthésie pour la chirurgie de la fracture de la hanche a augmenté de 50 % ces dernières années, notamment en raison de l’idée selon laquelle cette anesthésie locale serait plus sûre qu’un complet endormissement.
Une nouvelle étude menée par des chercheurs de la Perelman School of Medicine de l'Université de Pennsylvanie vient remettre en question cette idée reçue. Publiée dans le New England Journal of Medicine et présentée à Anesthesiology 2021, le congrès annuel de l'American Society of Anesthesiologists (ASA), elle montre que les patients opérés sous anesthésie générale présentent en réalité un taux de survie, de récupération fonctionnelle ou de délire postopératoire similaires à ceux des patients ayant subi une rachianesthésie.
"Notre étude soutient que, dans de nombreux cas, l'une ou l'autre forme d'anesthésie semble être sûre, explique Mark D. Neuman, professeur associé d'anesthésiologie et de soins intensifs et chercheur principal des travaux. C'est important car cela suggère que les choix peuvent être guidés par la préférence du patient plutôt que par des différences anticipées dans les résultats dans de nombreux cas."
Des taux de récupération similaires
Lors d'une anesthésie générale, des médicaments inhalés et intraveineux sont utilisés pour rendre les patients inconscients, ce qui nécessite souvent la pose temporaire d'un tube respiratoire pour soutenir les poumons pendant l'opération. Pour l'anesthésie rachidienne, des médicaments sont utilisés pour engourdir la partie inférieure du corps par une injection dans la colonne vertébrale. Bien que les patients puissent recevoir un sédatif pour leur confort, ils sont généralement capables de respirer par eux-mêmes pendant l'opération et ont rarement besoin d'un tube respiratoire.
Pour comparer ces deux formes d’anesthésie, les chercheurs ont recruté 1 600 patients dans 46 hôpitaux des États-Unis et du Canada. Tous étaient âgés d'au moins 50 ans, s'étaient fracturés une hanche et étaient auparavant capables de marcher. Les patients ont été répartis en deux groupes égaux de 800 patients : ceux qui devaient subir une anesthésie générale et ceux qui devaient subir une anesthésie spinale.
Pour obtenir les résultats les plus précis et détaillés possible, les chercheurs ont combiné les taux de décès ultérieurs des patients et le fait qu'ils aient retrouvé la capacité de marcher, que ce soit seul ou avec une canne ou un déambulateur. 60 jours après l'opération, 18,5 % des patients ayant bénéficié d'une anesthésie rachidienne étaient décédés ou étaient devenus incapables de marcher, contre 18 % des patients ayant bénéficié d'une anesthésie générale. Si l'on considère la mortalité au bout de 60 jours seulement, 3,9 % des patients ayant bénéficié d'une anesthésie rachidienne sont décédés, contre 4,1 % des patients ayant bénéficié d'une anesthésie générale.
Pas plus de complications cognitives avec l’anesthésie générale
Pour examiner comment les différentes formes d'anesthésie influent sur les complications cognitives potentielles, les chercheurs ont également étudié le délire postopératoire : environ 21 % des patients ayant bénéficié d'une anesthésie rachidienne ont présenté un délire, contre 20 % de ceux ayant bénéficié d'une anesthésie générale.
"Ce que notre étude offre, c'est la réassurance que l'anesthésie générale peut représenter une option sûre pour la chirurgie de la fracture de la hanche pour de nombreux patients, affirme le Pr Neuman. Ce sont des informations que les patients, les familles et les cliniciens peuvent utiliser ensemble pour faire le bon choix pour les soins personnalisés de chaque patient."