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Naissance à la maison

Accoucher à domicile est aussi sûr que d’accoucher à l’hôpital … à condition d’être accompagné d’une sage-femme

Par Charlotte Arce

Une étude américaine comprenant les résultats de plus de 10 000 naissances à domicile montre que ces dernières présentent peu de risque à condition qu’une sage-femme soit présente.

nazar_ab/iStock
Bien que peu de sages-femmes le pratiquent, et que les gynécologues y soient en grande majorité hostiles, l'accouchement à domicile est sûr s'il est bien encadré.
L'étude, qui prend en compte plus de 10 000 naissances dans l'État de Washington entre 2015 et 2020, montre que le taux de périnatalité est de 0,57 décès pour 1 000 naissances.

Chaque année en France, environ 2 000 femmes par an choisissent de donner naissance à domicile, ce qui représente 0,2 % des naissances. Bien qu’encore marginale, l’accouchement programmé à domicile tend à être de plus en plus considéré par les parturientes et ce, malgré la frilosité des gynécologues et sages-femmes. Rares sont d’ailleurs celles à réaliser des accouchements à domicile (AAD). Selon l’Association Professionnelle de l’Accouchement Accompagné à Domicile (APAAD), 88 sages-femmes exerçant officiellement des AAD ont été recensées en 2018, et elles ont déclaré 1347 naissances ayant débuté à domicile.

Les naissances à domicile concernent des femmes en bonne santé dont la grossesse s’est déroulée sans complication, qui ont mené leur grossesse à terme, sans antécédents de césarienne, et dont le fœtus était orienté la tête en bas. En cas d’AAD, la sage-femme est seule avec la femme enceinte et son ou sa partenaire. Elle n’a aucun matériel à sa disposition (oxygène, poche de sang, forceps ou ventouse) pour traiter les complications éventuelles. Celles-ci, qu’elles concernent la mère ou le bébé, nécessiteront le transfert par ambulance dans un hôpital ou une clinique.

Ces naissances pourtant sûres, à la fois pour la mère et son enfant. C’est ce que démontre une nouvelle étude menée dans l'État de Washington dans la revue Obstetrics & Gynecology. Ses auteurs, chercheurs à l'Université de Colombie-Britannique (UBC) et à l'Université Bastyr sont arrivés à cette conclusion après avoir analysé les résultats de plus de 10 000 naissances communautaires dans l'État de Washington entre 2015 et 2020.

Un faible taux de décès périnatal

Comme l’explique Elizabeth Nethery, candidate au doctorat à l'école de santé publique et des populations de l'UBC et autrice principale de l'étude, "le cadre de la naissance n'avait aucune association avec un risque accru pour les parents ou le bébé". "Nos résultats montrent que lorsqu'un État dispose de systèmes pour soutenir l'intégration des sages-femmes communautaires dans le système de soins de santé, comme l'a fait l'État de Washington, les maisons de naissance et les foyers sont tous deux des lieux sûrs pour l'accouchement."

Bien que l'American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG) ait déclaré que la naissance est plus sûre dans un hôpital ou une maison de naissance agréée, les résultats obtenus montrent qu’il n’en est rien. Ainsi, dans l’État de Washington, les chercheurs ont constaté un faible taux de décès périnatal : 0,57 décès pour 1 000 naissances, ce qui est comparable à celui d’autres pays où l’accouchement à domicile est pratiqué et bien intégré au système de santé. Il est également identique au taux de référence de l'ACOG pour les naissances à faible risque.

"Washington offre un modèle de soins obstétricaux et d'accouchements communautaires sûrs qui pourrait être reproduit dans l'ensemble des États-Unis, affirme Elizabeth Nethery. À l'heure actuelle, certains États américains n'autorisent pas du tout les sages-femmes qui pratiquent l'accouchement communautaire, ce qui pourrait contribuer à des résultats de naissance moins bons dans ces États."