Près de 12 millions de Français sont traités pour de l'hypertension artérielle, c'est à dire pour une pression systolique supérieure à 140mmHg et diastolique supérieure à 90mmHg. Mais ce chiffre est loin de refléter la réalité : l'hypertension est une maladie dite "asymptomatique" et pour cette raison on considère qu'environ 20% des personnes qui en souffrent ne prennent pas de traitement ! Quant à celles qui sont traitées, la moitié ne parviennent pas à équilibrer leur tension et restent avec des mesures trop élevées.
"Le plus souvent, il n'y a pas de signe du tout pour une personne qui souffre d'hypertension", confirme le Dr Thierry Denolle, cardiologue et ancien président de la société française de l'hypertension artérielle. "Mais il y a des symptômes qui doivent faire penser à l'hypertension, ajoute-t-il, comme les maux de tête, surtout des maux de tête postérieurs, des bourdonnement d'oreille, mais ce sont des signes qui ne sont absolument pas spécifiques et souvent le diagnostic est fait, un peu par hasard, en prenant la tension artérielle". Pourtant les complications possibles en cas de HTA, insuffisance cardiaque, AVC, maladies neurodégénératives, invitent à prendre le problème très au sérieux.
La difficulté, une fois que le diagnostic de HTA est posé, c'est de trouver le bon traitement... et de l'observer ! "On voit souvent des patients, parfois jeunes, qui n'ont jamais pris de traitement pour une maladie chronique et qui se disent 'débuter un traitement à mon âge, cela risque de provoquer des effets secondaires et en fait je n'ai pas trop envie de le suivre'", raconte le cardiologue. %Mais il évoque aussi le cas de patients plus âgés, diagnostiqués et traités, mais qui, parce qu'ils partent en déplacement, peuvent oublier leurs médicaments et passer plusieurs jours sans les prendre. "Il y a également les patients traités mais qui se disent que ce traitement leur fait plus de mal que de bien, qu'avant ils ne sentaient rien alors qu'après ils se sentent fatigués, ont les jambes qui gonflent, rencontrent des troubles sexuels et qui, sans en parler à leur médecin, arrêtent le traitement... Il y a plein de raisons pour ne pas prendre son traitement mais c'est très dangereux !", poursuit et avertit le Dr Denolle.
Perdre 5 kilos de surpoids a autant d'effet qu'un traitement
Le dialogue doit rester permanent avec le médecin lorsque le traitement a débuté, même si celui-ci peut être "remplacé" par certaines règles d'hygiène et de diététique. "Une activité physique régulière ou la perte de 5 kilos de surpoids ont autant d'effet qu'un traitement, rappelle Thierry Denolle en ajoutant parmi les autres règles à suivre en cas de HTA l'arrêt de la consommation d'alcool et des aliments trop salés, notamment la charcuterie.
Mais l'observance du traitement doit malgré tout rester une priorité avec, pour la respecter, le recours à des aménagements simples comme le changement du moment de la prise des médicaments pour qu'il corresponde mieux au rythme de vie et empêche l'oubli. "Par exemple on peut fixer ce moment en même temps que celui où l'on se lave les dents, ce qui fait que cette habitude rappelle à chaque fois le moment de prendre son médicament", suggère le cardiologue.
Mais quel est le bon traitement ? "On a plein de médicaments et il faut une discussion avec le médecin pour trouver le médicament qui convient à chaque cas, notamment en fonction de son âge. Et si le traitement est trop, fort, s'il a débuté à mauvais escient parce que l'on prend parfois la décision de traiter sur une seule mesure de la tension artérielle, le risque est qu'il y ait des chutes de tension; mais de nombreuses études ont démontré qu'un traitement adapté est très efficace, en particulier pour diminuer le risque d'AVC et d'insuffisance cardiaque".