- 12 millions de Français sont traités pour de l'hypertension
- L'arrêt d'un traitement peut provoquer une élévation brutale de la tension artérielle
- Dans ce cas, une dégradation des organes peut être très rapide et entraîne un risque de décès
Un tsunami dévastateur : une hypertension non traitée ou un arrêt non justifié d'un traitement contre la HTA peut amener le patient dans une situation très grave, celle de l'hypertension maligne. Dans ce cas, tout s'affole. La tension cystolique peut dépasser 180mmHg, ce qui peut entraîner en quelques semaines à peine une sévère dégradation des organes et provoquer si rien n'est fait le décès du patient. C'est un des seuls cas ou le patient hypertendu nécessite une hospitalisation d'urgence pour des examens permettant de mesurer la dégradation des organes pouvant causer un AVC, un infarctus du myocarde ou des lésions rénales et de rétablir progressivement -pour éviter une mauvais perfusion des organes à cause d'une baisse trop rapide- une tension artérielle normale ne dépassant pas 140mmHg/90mmHg.
Si ces cas d'hypertension maligne sont plutôt rares, le profil des patients qui en sont menacés est en revanche bien connu : une HTA élevée et non diagnostiquée mais, surtout, des patients traités... qui arrêtent brutalement leur traitement sans recueillir l'avis de leur médecin ! D'autres causes peuvent exister, notamment certaines formes spécifiques de HTA avec des atteintes rénales voire ders profils génétiques indiquant une prédisposition. "Mais la HTA maligne touche principalement des patients qui arrêtent régulièrement leur traitement, ce qui peut provoquer de gros rebonds de leur niveau d'hypertension artérielle", précise le Dr Romain Boulestreau.
Une maladie sans symptômes facilement repérables
Le danger est d'autant plus grand que l'hypertension artérielle, même lorsqu'elle atteint des niveaux élevés, ne produit pas nécessairement des symptômes facilement repérables. Près de 12 millions de Français sont traités pour de l'hypertension artérielle, c'est à dire pour une pression systolique supérieure à 140mmHg et diastolique supérieure à 90mmHg. Mais ce chiffre est loin de refléter la réalité : l'hypertension est une maladie dite "asymptomatique" et pour cette raison on considère qu'environ 20% des personnes qui en souffrent ne prennent pas de traitement ! Quant à celles qui sont traitées, la moitié ne parviennent pas à équilibrer leur tension et restent avec des mesures trop élevées.
"Le plus souvent, il n'y a pas de signe du tout pour une personne qui souffre d'hypertension", confirme le Dr Thierry Denolle, cardiologue et ancien président de la société française de l'hypertension artérielle. "Mais il y a des symptômes qui doivent faire penser à l'hypertension, ajoute-t-il, comme les maux de tête, surtout des maux de tête postérieurs, des bourdonnement d'oreille, mais ce sont des signes qui ne sont absolument pas spécifiques et souvent le diagnostic est fait, un peu par hasard, en prenant la tension artérielle". Pourtant les complications possibles en cas de HTA, insuffisance cardiaque, AVC, maladies neurodégénératives, invitent à prendre le problème très au sérieux.
L'importance de l'observance du traitement
La difficulté, une fois que le diagnostic de HTA est posé, c'est de trouver le bon traitement... et de l'observer ! "On voit souvent des patients, parfois jeunes, qui n'ont jamais pris de traitement pour une maladie chronique et qui se disent 'débuter un traitement à mon âge, cela risque de provoquer des effets secondaires et en fait je n'ai pas trop envie de le suivre'", raconte le cardiologue. %Mais il évoque aussi le cas de patients plus âgés, diagnostiqués et traités, mais qui, parce qu'ils partent en déplacement, peuvent oublier leurs médicaments et passer plusieurs jours sans les prendre. "Il y a également les patients traités mais qui se disent que ce traitement leur fait plus de mal que de bien, qu'avant ils ne sentaient rien alors qu'après ils se sentent fatigués, ont les jambes qui gonflent, rencontrent des troubles sexuels et qui, sans en parler à leur médecin, arrêtent le traitement... Il y a plein de raisons pour ne pas prendre son traitement mais c'est très dangereux !", poursuit et avertit le Dr Denolle.
Un danger qui reste permanent pour les patients qui se sont déjà retrouvés en situation de HTA maligne :"Dans ce cas, on se trouve face à des personnes qui ont un terrain favorable, un profil qui indique un risque important de refaire une HTA maligne en cas de mauvaise observance du traitement", insiste le Dr Romain Boulestreau.
Ci-dessous, l'interview du Dr Romain Boulestreau sur la HTA maligne :