- En France, le traitement de l'hypertension ne permet de stabiliser qu'un patient sur deux
- La non-observance des traitements par crainte des effets secondaires est souvent constatée dans cette maladie
- L'arsenal thérapeutique permet pourtant de trouver la bonne association de médicaments pour traiter la HTA
"Nous disposons en France de 150 médicaments répartis en 5 classes pour traiter l'hypertension, avec cet arsenal on peut forcément trouver la bonne association!". Pour le Professeur Barnard Vaisse du CHU de Marseille, nous sommes dans notre pays dans une situation anormale avec seulement un patient hypertendu sur deux qui voit sa pression artérielle normalisée par un traitement? Un taux d'échec de 50% de la prise en charge qui a évidemment des conséquences sur les risques liés à une HTA, notamment l'AVC et l'insuffisance cardiaque. "En 20 ans, on a diminué par 4 le nombre des AVC, et plus on parvient à contrôler la tension artérielle, moins on a d'AVC", insiste Bernard Vaisse.
Alors comment en arrive-t-on à avoir un hypertendu sur deux mal pris en charge, sans compter tous ceux qui souffrent de HTA sans le savoir puisque cette maladie est asymptomatique ? "La moyenne est de 1,7 médicament par patient traité et plusieurs études notamment des travaux menées aux Etats-Unis et en Chine, montrent que lorsque l'on augmente le nombre de médicaments utilisés, on gagne, avec un médicament de plus on arrive souvent à stabiliser la tension artérielle", explique le professeur marseillais. Mais pour atteindre ce résultat, il faut d'abord traiter... la non observance que l'on rencontre chez de nombreux patients. "Les gens prennent moins de médicaments qui ce qu'ils devraient prendre parce qu'ils craignent les effets secondaires", avance le Pr Vaisse comme explication à ce phénomène. Des effets secondaires qui vont de la fatigue aux vertiges lors de mouvements rapides voire aux troubles de la sexualité.
Une maladie multifactorielle
Pourtant, c'est la nature même de la maladie qui impose de recourir à plusieurs médicaments. "La HTA est une maladie multifactorielle, elle est liée à l'alimentation, au système nerveux central, au coeur, aux artères, aux reins, aux hormones, et chaque médicament joue sur un de ses facteurs", décrypte le professeur en citant une statistique qui illustre bien cette particularité de la HTA : "On sait que la prise d'un seul médicament contrôle 50% des hypertendus, que celle de deux médicaments associés -y compris dans un médicament à double effet- permet de contrôler entre 60 et 70% des hypertendus et que la prise de trois médicaments assure le contrôle de la tension chez 85% des patients traités".
"Les médicaments sont des prolongateurs de vie !", martèle Bernard Vaisse pour bien faire comprendre la nécessité de l'observance du traitement en cas d'hypertension. Et il livre ses recettes simples pour y parvenir, comme celle qui consiste à ritualiser la prise des médicaments à des moments-clés de la journée pour être sûr de ne pas les oublier. Mais il insiste surtout sur la confiance qui doit exister de la part du patient envers son médecin... et envers les médicaments :"Une part importante de la non-observance intentionnelle vient du fait que des personnes ne croient pas aux effets des traitements ou ne constatent pas d'amélioration de leur état de santé; mais avec la panoplie de médicaments dont nous disposons, on, peut changer le traitement et trouver la bonne combinaison pour un contrôle efficace de la tension artérielle, c'est le rôle du médecin de s'assurer que la patient comprend bien ce qui soigne quoi !".
Ci-dessous l'interview du Pr Bernard Vaisse :