Cosmétiques, vêtements ou encore contenants destinés à l’alimentation… Les phtalates sont présents dans beaucoup de produits - notamment ceux en plastique - et ce, surtout dans les pays anglophones. Un vrai problème santé publique selon une étude publiée dans la revue Environmental Pollution. Les auteurs estiment que ces substances seraient responsables de 100 000 morts prématurées par an aux États-Unis. Ceux-ci ont réussi à mettre en évidence un lien entre phtalates et maladies cardiovasculaires. "Nous savions déjà que ces produits étaient nocifs car ce sont des perturbateurs endocriniens, explique Leonardo Trasande, chercheur en santé environnementale à la faculté de médecine de New York et coauteur de l’étude. Mais notre étude est la première à lier directement l’exposition à ces substances à une mortalité précoce due à des maladies cardiovasculaires."
Des risques accrus de maladies cardiovasculaires
Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques ont réalisé, entre 2001 et 2010, des analyses biologiques, notamment d'urine, sur un échantillon de 5 303 adultes de plus de 20 ans. Ils ont ensuite étudié les statistiques de mortalité de ces participants afin d’analyser les effets de l’exposition aux phtalates sur cette population. Résultats : ceux qui avaient les concentrations les plus élevées de phtalates dans leur urine étaient plus susceptibles de mourir d'une maladie cardiaque comparativement à ceux qui y étaient moins exposés. Leur risque de décès était aussi globalement plus important qu’importe la cause, à l’exception du cancer.
Entre 90 761 à 107 283 décès attribuables à l’exposition aux phtalates
Les auteurs estiment ainsi qu’en extrapolant ces résultats à l’ensemble de la population américaine située dans la tranche d’âge entre 55 et 64 ans, le nombre de décès prématurés attribuables à l'exposition aux phtalates serait compris entre 90 761 à 107 283. "Nos conclusions montrent qu'une plus grande exposition aux phtalates est liée à une mort prématurée, en particulier de maladie cardiaque”, souligne Leonardo Trasande. Les scientifiques précisent néanmoins que cette nouvelle étude ne suffit pas à établir un lien direct entre l'exposition à cette substance et les décès prématurés car ils estiment que les mécanismes biologiques qui sont en cause restent incertains. Ce point sera certainement l'objet de leurs prochaines expériences. En attendant, ils incitent tout de même les autorités américaines à agir pour préserver la santé des américains.
Un coût économique élevé pour la société
D’après les auteurs, ces décès prématurés ont aussi un coût économique important : entre 39,9 à 47,1 milliards de dollars par an rien que pour les États-Unis. "Nos recherches suggèrent que le coût de ce produit chimique sur la société est bien plus important que ce que nous pensions au départ, explique Leonardo Trasande, Les preuves sont claires : limiter l'exposition aux phtalates toxiques peut aider à protéger le bien-être physique et financier des Américains." Par le passé, les phtalates ont déjà été pointés comme des substances dangereuses pour la santé humaine. En effet, ces substances chimiques sont accusées d’interférer avec les hormones, ce qui pourrait avoir des conséquences dans tout l’organisme.
Des substances présentes dans les protections hygiéniques féminines
En juillet 2018 par exemple, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) expliquait que beaucoup de protections hygiéniques féminines contenaient des phtalates. Un an plus tard, 60 millions de consommateurs révèlait que cette substance était toujours présentes dans les protections hygiéniques, et ce même dans celles labellisées "bio". Phtalates fait donc partie des noms à retenir lorsque vous lisez les composants des produits… Et évidemment, si vous le voyez dans la liste, il vaut mieux se diriger vers un autre achat.