- Les femmes souffrant du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ont plus de risque de développer un diabète de type 2 en raison d'une surproduction d'androgènes qui augmente les niveaux d'insuline.
- Prendre une pilule contraceptive atténue l'action des androgènes, ce qui diminue le risque de diabète de 26 %.
Apparaissant généralement à l’adolescence avec les premiers signes de puberté, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une maladie hormonale fréquente chez les femmes en âge de procréer.
Les symptômes du SOPK comprennent des règles irrégulières ou l'absence totale de règles, ce qui peut entraîner des problèmes de fertilité. De nombreuses femmes souffrent également d'une pilosité indésirable (appelée "hirsutisme") sur le visage ou le corps, d'une perte de cheveux sur le cuir chevelu, d'une peau grasse ou d'acné. Ces symptômes sont dus à des taux élevés d'hormones appelées androgènes dans le sang des femmes atteintes de SOPK.
Un risque accru de maladies métaboliques
Les femmes touchées par le SOPK sont aussi plus à risques de développer des complications métaboliques, comme le diabète de type 2, ou un pré-diabète (dysglycémie). En cause : une moins bonne réponse des cellules de l’organisme à l’insuline, l'hormone qui permet à l'organisme d'absorber le glucose dans les cellules pour produire de l'énergie. Cette réponse réduite à l'insuline peut entraîner une élévation de la glycémie et inciter l'organisme à produire davantage d'insuline, ce qui l'amène à produire davantage d'androgènes. Les androgènes augmentent encore les niveaux d'insuline.
Il est toutefois possible de mettre un terme à ce cercle vicieux : en utilisant la pilule contraceptive. Dans une étude publiée dans la revue Diabetes Care, des chercheurs de l’université de Birmingham (Royaume-Uni) ont étudié l'impact de l'utilisation de contraceptifs oraux combinés sur le risque de diabète de type 2 et de pré-diabète chez les femmes atteintes de SOPK.
Un risque diminué de 26 %
À partir des dossiers des médecins généralistes britanniques de 64 051 femmes atteintes du SOPK et de 123 545 femmes témoins appariées sans SOPK, les chercheurs ont d'abord réalisé une vaste étude de cohorte pour analyser le risque de diabète de type 2 et de pré-diabète chez les femmes atteintes du SOPK. Les résultats ont montré qu’elles couraient deux fois plus de risques de diabète de type 2 ou de pré-diabète que les femmes non touchées par cette maladie. Ils ont également identifié l'hirsutisme comme un facteur de risque significatif de diabète de type 2 et de pré-diabète chez les femmes atteintes de SOPK.
Les chercheurs ont ensuite mesuré l'impact de la pilule sur le diabète de type 2 ou le pré-diabète auprès de 4 814 femmes atteintes de SOPK. Ils ont constaté que l'utilisation de contraceptifs oraux combinés réduisait de 26 % la probabilité de développer un diabète de type 2 ou un pré-diabète chez les femmes atteintes du SOPK. Ils émettent l’hypothèse que la pilule réduit ce risque en atténuant l’action des androgènes.
"Nous savions, grâce à des études antérieures de moindre envergure, que les femmes atteintes du SOPK présentent un risque accru de diabète de type 2. Cependant, ce qui est important dans notre recherche, c'est que nous avons été en mesure de fournir de nouvelles preuves à partir d'une très grande étude de population pour montrer pour la toute première fois que nous avons une option de traitement potentielle - les contraceptifs oraux combinés - pour prévenir ce risque de santé très grave", souligne le Pr Wiebke Arlt, qui a dirigé l’étude.
Les chercheurs à prévoient maintenant de mener un essai clinique pour approfondir leurs conclusions dans l'espoir qu'elles conduisent à des changements dans la politique mondiale en matière de soins de santé.