- Un pharmacien ne peut ni dépister ni suivre l’hypertension artérielle d’un patient sans ordonnance d’un médecin.
- Le maillage des officines sur le territoire pourrait pourtant permettre une bien meilleure prévention et prise en charge des personnes hypertendues.
Les quinze jours de l’hypertension artérielle se déroulent du 11 au 25 octobre. L’occasion de rappeler l’importance qu’ont tous les professionnels de santé dans le dépistage et le suivi des patients atteints d’hypertension artérielle. Il s’agit de la pathologie chronique la plus fréquente en France selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Elle peut être définie comme une pression anormalement élevée du sang dans les vaisseaux sanguins. La plupart du temps, elle est mesurée à l’occasion d’une consultation avec son médecin généraliste avec un tensiomètre. Une tension normale est de 120/80. Le premier chiffre est la pression systolique, elle équivaut à la pression maximale, lorsque le cœur se contracte pour se vider de sang. 80 est la pression diastolique, c’est-à-dire minimale lorsque le cœur se relâche pour se remplir. On parle d’hypertension artérielle lorsque ces chiffres dépassent 149/90 au cabinet du médecin et 135/85 à domicile. En cas de suspicion d’hypertension artérielle, le médecin demande souvent au patient de faire des auto-relevés chez lui plusieurs fois par jour pendant trois jours.
L’importance du dépistage par le pharmacien...
"En France, le pharmacien n’a pas le droit de faire un test rapide d'orientation diagnostique (TROD) quelqu’il soit, ce qui inclut la prise de la tension, souligne Pierre-Olivier Variot, pharmacien et président de l’Union syndicale des pharmaciens d’officine (USPO). La seule condition pour qu’on puisse le faire est qu’un médecin l’écrive sur une ordonnance. C’est anormal que je ne puisse pas prendre la tension d’un patient qui ne va pas bien, il faut que la réglementation change.” Pourtant les médecins comme les pharmaciens et la majorité des professionnels de santé militent pour que la prévention soit l’affaire de tous. Un dépistage en officine peut s’avérer salvateur. "Quand je me suis fait vacciné contre la Covid-19, on a mesuré ma tension deux fois après l’injection, poursuit Pierre-Olivier Variot. J’ai appliqué la même consigne avec les 400 patients que j’ai vacciné et dix d’entre eux avaient des chiffres tensionnels très élevés. J’ai à nouveau mesuré leur tension à d’autres moments, c’était toujours élevé et je les ai finalement orientés vers leur médecin généraliste. Ils en sont sortis avec un traitement. Potentiellement, c’est dix accidents vasculaires cérébraux (AVC) que l’on a évité.” Une hypertension artérielle qui n’est pas prise en charge, peut être un facteur de risque pour des pathologies et problèmes cardiovasculaires, cérébrovasculaires, neurodégénératives ou encore du diabète. Selon l’Inserm, l’hypertension artérielle est la première cause d’accident vasculaire cérébral (AVC) évitable.
… mais aussi du suivi du patient
En France, le maillage des officines est très important, elles sont implantées partout avec des amplitudes horaires souvent larges. Le rôle des pharmaciens est donc très important, surtout dans les zones dites de désert médical. D’autant plus que, généralement, il a une relation de proximité avec les patients. Ce sont eux qui les voient le plus et peuvent donc se rendre compte du bon suivi ou non de leur traitement…. "Quand ils commencent le traitement contre l’hypertension artérielle et qu’il les fatigue, c'est le pire car ils ont tendance à dire que le traitement les rend plus malades, assure Pierre-Olivier Variot. Il faut donc renforcer la surveillance en début de traitement.” Un rôle que les pharmaciens sont prêts à avoir si on leur en donne la possibilité…. Actuellement, même pour cela, le médecin doit avoir fait une ordonnance stipulant que le pharmacien suit le patient car son temps médical ne lui permet pas…