Actuellement, plus de 50 millions personnes ont reçu au moins une dose de vaccin contre la Covid-19 en France, dont plus de 49 millions qui sont totalement vaccinées selon le ministère des Solidarités et de la Santé. Ces Français sont bien évidemment protégés des formes graves du SARS-CoV-2 grâce à leur injection, mais ils pourraient aussi avoir moins de risques d’être infectés par d’autres formes de coronavirus, notamment le SARS-CoV-1 et le rhume. C’est ce que suggère une récente étude publiée dans la revue Journal of Clinical Investigation. "Jusqu’à notre étude, ce qui n’était pas clair, c’était la possibilité, en cas d’exposition à un coronavirus, de bénéficier d’une protection croisée contre d’autres formes de coronavirus, explique Pablo Penaloza-MacMaster, auteur principal de l’étude. Nous avons montré que c'était le cas.” D’après les chercheurs, les infections antérieures à un coronavirus protégerait aussi contre d’autres formes de coronavirus.
SARS-CoV-1 et 2, Mers-CoV, HCoV-OC43 : plusieurs familles de coronavirus
Il existe trois familles de coronavirus pathogènes pour les humains. Sarbecovirus tout d’abord, avec SARS-CoV-1 et 2. En 2002, un premier coronavirus SARS-CoV-1 a émergé en Chine, responsable d’une épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS en français, SARS en anglais). Le SARS-CoV-2, plus connu aujourd’hui, est le virus à l’origine de la Covid-19. La famille Merbecovirus ensuite avec le Mers-CoV, le virus à l’origine du syndrome respiratoire du Moyen-Orient, qui a été signalé pour la première fois en 2012. Et celle dite Embecovirus, avec le HCoV-OC43, un virus bénin généralement responsable de rhumes.
Certains vaccins protègent contre d’autres coronavirus
Pour parvenir à leurs conclusions, les chercheurs ont analysé le plasma d’humains qui avaient été vaccinés contre le SARS-CoV-2. D’après leurs conclusions, celui-ci les protégeait à la fois contre le virus pour lequel ils avaient été vaccinés, mais également contre le SARS-CoV-1 et le HCoV-OC43. Ensuite, ils ont travaillé sur des souris immunisées avec un vaccin contre le SASR-CoV-1. Résultat : elles étaient aussi protégées - en partie - en cas d’exposition au SARS-CoV-2. Peu de temps après, d’autres rongeurs ont été vaccinés contre le SARS-CoV-2 puis exposés au coronavirus du rhume (HCoV-OC43). Ceux-ci étaient alors partiellement protégés contre le rhume mais beaucoup moins qu’avec l’expérience précédente (vaccin SARS-CoV-1 / exposition SARS-CoV-2). La raison, d’après les scientifiques, est que le SARS-CoV-1 et le SARS-CoV-2 sont génétiquement similaires, tandis que le coronavirus du rhume est plus éloigné du SARS-CoV-2. La protection est donc moins forte. Enfin, l'étude a révélé que les infections antérieures à des coronavirus pouvaient protéger contre les infections ultérieures par d'autres coronavirus.
Vers un vaccin par famille de coronavirus ?
"Tant que le coronavirus est lié à plus de 70 % (génétiquement au virus de base pour lequel le vaccin a été fait), les souris étaient protégées, explique Pablo Penaloza-MacMaster. Si elles étaient exposées à une famille de coronavirus très différente, les vaccins étaient moins protecteurs.” Les scientifiques ne pensent pas qu’un vaccin universel contre toutes les formes de coronavirus pourra un jour être mis au point car il y a trop de différences entre les virus. Néanmoins, une dose pour chaque famille pourrait un jour exister. "Notre étude nous aide à réévaluer le concept d'un vaccin universel contre le coronavirus, estime Pablo Penaloza-MacMaster. Il est probable qu'il n'y en ait pas, mais nous pourrions nous retrouver avec un vaccin pour chacune des principales familles de coronavirus, par exemple un vaccin universel Sarbecovirus pour le SARS-CoV-1, le SARS-CoV-2 et d'autres liés au SRAS. D’autres pour la famille Embecovirus universel pour HCoV-OC43 et HKU1 qui causent des rhumes.” Les vaccins contre la Covid-19 pourraient donc encore évoluer dans les prochaines années.