Depuis quelques années et encore davantage avec la pandémie de Covid-19, la télémédecine s’est imposée comme une alternative fiable auprès des patients souhaitant consulter rapidement un médecin, obtenir une ordonnance sans pouvoir obtenir de rendez-vous physique avec leur praticien.
Permettant de remédier à la pénurie de praticiens qui touche des zones rurales et urbaines, la télémédecine peut aussi s’avérer être un outil précieux pour diagnostiquer de manière précoce l’autisme.
C’est ce que révèle une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’institut MIND de l'Université de Californie à Davis, aux États-Unis. Publiée dans la revue Autism, elle montre que l'évaluation par e-medecine pourrait contribuer à améliorer l'accès aux soins pour les nourrissons présentant une probabilité élevée d'autisme, en aidant notamment les familles isolées ou placées de longues listes d’attente à obtenir un diagnostic et une prise en charge précoce.
"L'objectif n'est pas de diagnostiquer l'autisme chez les nourrissons, explique Meagan Talbott, chercheuse professionnelle adjointe au département de psychiatrie et des sciences du comportement et membre de la faculté de l'Institut MIND. Il s'agit de fournir une évaluation du développement pour aider à combler le fossé auquel nous savons que les parents sont confrontés lorsqu'ils remarquent les premiers symptômes jusqu'à ce que leurs enfants reçoivent finalement un diagnostic d'autisme."
La probabilité d’autisme détectée à distance
Lorsque des parents ont une suspicion d’autisme pour un de leurs enfants, ils cherchent généralement à obtenir une évaluation précoce. Ils se retrouvent alors inscrits sur de longues listes d’attentes, ou doivent se déplacer dans des centres loin de chez eux. Il s’écoule généralement des années entre le moment où les parents se posent des questions et celui où ils sont enfin reçus.
"Il en résulte un stress important pour les familles et un retard dans le soutien apporté aux nourrissons et à leurs soignants", note la Pr Talbott.
L'étude a porté sur 41 nourrissons, âgés de 6 à 12 mois, dont les parents avaient des inquiétudes concernant la communication sociale ou l'autisme. Ils ont été recrutés au niveau national en trois cohortes. Un quart des nourrissons avaient des frères et sœurs autistes.
Les chercheurs ont utilisé le TEDI (Telehealth Evaluation of Development for Infants), un protocole d'évaluation comportementale qu’ils avaient précédemment développé, et qui consiste à un ensemble d’interactions parents-enfants (jeux, lecture…) sur une période de 45 à 90 minutes. Un examinateur a noté la communication sociale, le jeu, l'imitation et d'autres domaines de développement et les parents ont rempli une série de questionnaires. Toutes les familles ont également reçu un petit kit de jouets nécessaires à l'évaluation, comprenant des blocs, un livre doux, des hochets, une petite couverture et des bulles.
Les résultats ont montré que la majorité des nourrissons avaient probabilité élevée d'autisme à la fois dans les questionnaires remplis par les parents et dans le comportement évalué par l'examinateur.
Selon les chercheurs, ces résultats montrent l’avantage que présente la télémédecine pour conduire à un diagnostic fiable et rapide. "Ma vision est qu'à l'avenir, si une famille est préoccupée par le développement de son enfant, nous pourrions incorporer une évaluation de télésanté comme celle-ci en tant que dépistage de deuxième niveau pour aider les familles à déterminer si la poursuite d'une évaluation diagnostique complète de l'autisme a du sens pour leur enfant", conclut la Pr Talbott.
les familles à déterminer si la poursuite d'une évaluation diagnostique complète de l'autisme a du sens pour leur enfant"