- Les enfants ayant été en contact avec la nature pendant le premier confinement font généralement partie des catégories socio-professionnelles supérieures.
- Ceux dont le lien avec la nature s'est distendu pendant le confinement ont davantage rencontré des problèmes émotionnels (dépression, anxiété...) et des problèmes de comportement.
Être entouré d’arbres, en contact avec la nature participe à notre bien-être mental. De nombreuses études scientifiques ont ainsi déjà montré que les espaces verts contribuaient au développement intellectuel et émotionnel de l’enfant, que le contact avec la nature améliorait l’estime de soi, réduisait le stress et augmentait la créativité.
C’est d’autant plus vrai depuis le début de la crise sanitaire, où les enfants ont dû supporter le port du masque et l’instauration des confinements. Une nouvelle étude, menée par des chercheurs de l'université de Cambridge et de l'université du Sussex (Angleterre), montre que les enfants n’ayant pu conserver de lien avec la nature en raison de la pandémie étaient généralement ceux issus de catégories sociales moins privilégiées, et que cela avait eu une influence sur leur santé mentale.
Ils révèlent aussi que les enfants ayant renforcé leur lien avec la nature pendant le premier confinement étaient susceptibles de présenter des niveaux plus faibles de problèmes comportementaux et émotionnels, par rapport à ceux dont le lien avec la nature est resté le même ou a diminué, et ce, indépendamment de leur statut socio-économique. Les travaux sont publiés dans la revue People and Nature.
Une réduction de l’anxiété et des problèmes comportementaux
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont réalisé une enquête en ligne auprès de 376 familles résidant au Royaume-Uni, avec des enfants âgés de 3 à 7 ans, entre avril et juillet 2020. Plus de la moitié de ces familles ont déclaré que la connexion de leur enfant à la nature avait augmenté au cours du premier confinement, tandis que les autres ont indiqué que ce lien avait diminué ou était resté inchangé.
Les parents ont aussi rempli un questionnaire servant à mesurer la santé mentale de chaque enfant et à évaluer d’éventuels problèmes émotionnels (anxiété, inquiétude, tristesse, dépression…) et comportementaux (colère, hyperactivité…).
"Les problèmes de santé mentale peuvent se manifester de différentes manières chez différents enfants. Nous avons constaté qu'une plus grande connexion avec la nature était associée à une réduction des problèmes émotionnels et comportementaux", explique le Dr Elian Fink, maître de conférences en psychologie à l'Université du Sussex.
Or, ces problèmes émotionnels et comportementaux liés au confinement ont davantage été retrouvés chez les enfants issus de familles moins aisées, qui n’avaient pas accès à un jardin ou à un espace vert à proximité de leur domicile. Un tiers des enfants dont le rapport à la nature a diminué ont présenté des problèmes de bien-être accrus - soit par des problèmes de comportement, soit par une augmentation de leur tristesse ou de leur anxiété.
10 minutes de promenade peuvent suffire
Les résultats de l’étude renforcent l'idée que la nature est une méthode peu coûteuse de soutien à la santé mentale des enfants, et suggèrent que davantage d'efforts devraient être déployés pour aider les enfants à se connecter à la nature, tant à la maison qu'à l'école.
Comme l’explique Samantha Friedman, chercheuse au Center for Family Research de l'Université de Cambridge et première autrice de l’étude, "il n'est pas nécessaire de camper dans les bois et de chercher de la nourriture - cela peut être aussi simple que de faire une promenade près de chez soi ou de s'asseoir dehors pendant dix minutes par jour".
Des activités comme le jardinage, jouer dans le jardin ou faire des activités de plein air sont aussi recommandées. "Le fait de se connecter à la nature peut être un moyen efficace de favoriser le bien-être des enfants, en particulier lorsque ceux-ci reprennent leurs activités habituelles, comme l'école et les activités extrascolaires, souligne le Dr Fink. Nos résultats pourraient être utiles pour redéfinir les règles de confinement si le Royaume-Uni devait revenir à ces conditions à l'avenir, et en particulier pour les pays dont les restrictions de confinement empêchent les enfants d'accéder à la nature."