Le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l’homme. Il est plutôt rare avant 50 ans, la majorité des cas sont détectés vers 70 ans. Deux examens permettent de le dépister : le toucher rectal et le dosage de la PSA, l’antigène spécifique de la prostate. Ce dernier est réalisé au cas par cas. Selon une étude parue dans The Lancet Oncology, ce dépistage pourrait être bénéfique pour les hommes atteints du syndrome de Lynch. Cette maladie génétique augmente le risque de développer certains cancers, dont celui de la prostate.
Des mutations génétiques
"Le dépistage du PSA n'est pas recommandé pour les hommes dans la population générale, rappellent les auteurs, car il n'a pas été démontré qu'il était bénéfique et on craint qu'il puisse conduire à un surdiagnostic et à un surtraitement de cas qui n'auraient pas causé de problèmes importants." Ils se sont intéressés à son intérêt dans le cas des hommes présentant un syndrome de Lynch. Leurs travaux ont été réalisés grâce aux données médicales de plus de 800 hommes, tous avaient dans leur famille une personne atteinte du syndrome de Lynch. 600 en montraient des signes cliniques : c’est-à-dire une mutation des gènes MLH1, MSH2 ou MSH6. Tous les hommes se sont vu proposer un test PSA annuel, et ceux dont le dosage de PSA était jugé élevé ont pu subir une biopsie pour déterminer s'ils avaient un cancer de la prostate.
Huit fois plus de cancers détectés
Les chercheurs ont constaté que les tests annuels de PSA pouvaient détecter efficacement le cancer de la prostate chez les hommes qui ont hérité d’un syndrome de Lynch. Sur 305 hommes présentant des défauts dans le gène MSH2, 4,3% ont été diagnostiqué d’un cancer de la prostate, contre seulement 0,5% chez les hommes non-atteints du syndrome. En somme, les hommes atteints étaient huit fois plus susceptibles d’être diagnostiqué pour un cancer de la prostate en comparaison aux hommes non-atteints. Généralement, ils étaient diagnostiqués vers 58 ans, soit plus tôt que la moyenne. Dans la plupart des cas, les tumeurs étaient agressives, voire mortelles. "Cela suggère qu'un surdiagnostic chez les porteurs de MSH2 est peu probable", précisent les chercheurs. Ils recommandent de réaliser des tests dès 40 ans pour les hommes concernés par ce syndrome.
Une future recherche sur les traitements
Les scientifiques comptent poursuivre leurs travaux en réalisant un suivi pendant cinq ans auprès de ces patients, afin d’observer l’efficacité des différents traitements. Dans tous les cas, mieux dépister les hommes à risque pourrait permettre d’agir plus vite sur le cancer, sans qu’il ne soit à un stade trop avancé, et ainsi mieux soigner les patients. C’est le cas de Paul Cunningham, l’un des participants à cette recherche. Il a été diagnostiqué du syndrome de Lynch après avoir contracté un cancer de la peau et un cancer de l’intestin. Lors de sa participation, les chercheurs ont découvert un cancer de la prostate. "Le médecin a dit que si je n'avais pas participé à l'étude, ils auraient probablement seulement gardé un œil sur moi, raconte-t-il, mais grâce au dépistage, ils ont réussi à repérer mon cancer plus tôt."