Et si le porc devenait le meilleur ami de l’homme ? Il pourrait être à terme un fournisseur d’organes pour les greffes à travers le monde. Une première expérience a été menée à l’hôpital NYU Langone de New-York : un rein de porc a été relié à l’organisme d’un humain en état de mort cérébrale et il a fonctionné. Le récit de cette première mondiale est fait dans le New York Times.
Une greffe externe
Le cochon a été modifié génétiquement pour que le rein ne soit pas rejeté lors de la greffe. Celle-ci n’était pas interne mais externe : le rein a été relié aux vaisseaux sanguins du patient, mais pas implanté à l’intérieur de son organisme. L’opération a été réalisée le 25 septembre dernier et a duré environ deux heures. Pendant les deux jours et demi d’expérience, le rein a fonctionné correctement : il a produit de l’urine et les niveaux de créatinine étaient normaux. "C’était mieux que tout ce que nous pouvions imaginé, s’est félicité le Dr Montgomery, le directeur de l’institut de transplantation de l’hôpital NYU Langone au New York Times. Cela ressemblait aux résultats d’une transplantation réalisée grâce à un donneur vivant." Lorsque les greffes sont réalisées avec les reins de personnes décédées, cela peut prendre plusieurs jours voire semaines pour que l’organe retrouve sa fonctionnalité. Dans le cas du rein de porc, cela a fonctionné immédiatement. Pour l’instant, l’expérience a été de courte durée, et les chercheurs ne savent pas si cela aurait pu durer plusieurs semaines, mois ou années, mais ils espèrent démarrer des essais cliniques dans un an ou deux.
Les porcs, futurs fournisseurs d’organes ?
Aux États-Unis, plus de 100 000 personnes sont en attente d’une greffe. Chaque année, douze personnes décèdent, faute d’avoir reçu l’organe nécessaire à leur survie. Dans le cas du rein, certaines personnes sont dépendantes de la dialyse pour rester en vie, car leur cas ne sont pas éligibles à la greffe. L’expérience réalisée à New-York ouvre la voie à une nouvelle possibilité : l’utilisation des porcs, comme fournisseurs d’organes. Le Dr Montgomery estime qu’il pourrait s’agir d’une source "durable et renouvelable" d’organes, s’ils sont génétiquement modifiés pour être tolérés par l’organisme. Aujourd’hui, les cochons sont déjà utilisés en chirurgie : leurs valves cardiaques servent dans les opérations du coeur et leur peau dans le cas des grands brûlés. Mais au regard de la courte durée de l’expérience, certains scientifiques appellent à la prudence, comme David Klassen, médecin chef au sein du United Network for Organ Sharing, l’association en charge du réseau de don d’organes aux États-Unis. "C'est un domaine compliqué, rappelle-t-il et imaginer que nous savons toutes les choses qui vont se passer et tous les problèmes qui vont survenir est naïf."