Les voyages spatiaux se multiplient. Récemment, c’est l’actrice russe Ioulia Peressild qui a visité la Station spatiale internationale à l’occasion du premier film tourné dans l’espace. Tous ces voyages dans l’espace ne sont pas anodins pour la santé de ce qui les effectuent. Une nouvelle étude, publiée le 20 octobre dans le Journal Heart of the American Association, révèle l’effet de ces vols sur l’ADN qui s’échappe des cellules des astronautes.
Bien connaître les conséquences d’un vol spatial
Les scientifiques savaient déjà que l'exposition aux rayonnements et le manque de gravité affectent la santé des astronautes. Bien que cela soit admis, les conséquences exactes sur l’organisme n’étaient pas tout à fait connues. Dans la perspective de voyages de plus en plus longs et de plus en plus loin – notamment vers Mars – il est essentiel de comprendre parfaitement les effets des vols spatiaux. “L'exploration de l'espace lointain est dangereuse pour de nombreuses raisons, mais nous devons en savoir autant que possible sur les effets néfastes sur la santé afin de pouvoir protéger les humains des facteurs de stress avant, pendant et après les missions spatiales de type exploration”, ajoute le Dr David Goukassian, professeur de cardiologie et auteur principal de l’étude.
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont observé de près les mitochondries, connues pour être la centrale électrique de la cellule car ces minuscules structures à l'intérieur des cellules produisent de l'énergie. Les mitochondries ont leur propre ADN, et lorsqu'elles subissent un stress ou d'autres dommages, cet ADN est libéré et provoque des dommages cellulaires et d'autres problèmes ailleurs dans le corps.
Des niveaux 2 à 355 fois plus élevés qu'avant le voyage
Les chercheurs ont examiné des échantillons de sang de 14 astronautes de la NASA qui ont effectué des missions de cinq à 13 jours vers la Station spatiale internationale entre 1998 et 2001. Les prélèvements sanguins ont été réalisés à trois reprises : 10 jours avant le lancement, le jour de leur retour et trois jours après l'atterrissage.
Les résultats ont indiqué que chacun de ces astronautes possédait des niveaux accrus d'ADN mitochondrial flottant dans le sang, que ce soit le jour de l'atterrissage et trois jours après. Ces niveaux étaient de 2 à 355 fois plus élevés qu'avant le voyage dans l'espace. “Les niveaux accrus sont peut-être nocifs car l'ADN mitochondrial provoque l'inflammation lorsqu'il s'infiltre dans le reste du corps”, poursuit le Dr David Goukassian.
Un cercle vicieux
Les chercheurs ont ensuite examiné les globules blancs des astronautes. Ils ont constaté une augmentation significative des marqueurs de l'inflammation, des dommages à l'ADN et du stress oxydatif, qui est une perturbation de l'équilibre des molécules qui nuisent aux tissus sains de l'organisme et des défenses antioxydantes qui les neutralisent. “C'est un cercle vicieux : les radiations peuvent induire des dommages à l'ADN, ce qui peut induire un stress oxydatif, ce qui conduit à une inflammation, ce qui peut conduire à des dommages à l'ADN”, avance David Goukassian.