- Normalement, la pression artérielle baisse de 10 à 20% durant le sommeil et remonte juste avant le réveil
- Un mauvais sommeil favorise les facteurs de risque de l'hypertension artérielle
- La recherche sur hypertension nocturne avance grâce aux nouvelles techniques de mesure de la pression artérielle durant la nuit
La pression artérielle baisse en moyenne de 10 à 20% durant la nuit. C'est un phénomène lié à une fréquence cardiaque qui elle aussi diminue puisque le temps de sommeil a pour vocation de mettre l'organisme au repos, en particulier le système cardiovasculaire. Mais des nuits trop courtes, la mauvaise qualité du sommeil ou des troubles comme l'apnée du sommeil peuvent avoir des effets sur la tension artérielle et provoquer de l'hypertension dite "nocturne", d'autant plus difficile à repérer que celle-ci reste une maladie "silencieuse", c'est à dire sans symptômes, et que la nuit n'est pas le moment où l'on peut facilement contrôler sa tension. "Le lien entre le sommeil et l'hypertension artérielle ont été très longtemps méconnus. La recherche dans ce domaine a beaucoup progressé, notamment grâce aux nouvelles techniques de mesure de la pression artérielle au cours de la nuit", explique le Pr Jean-Jacques Mourad, président du Comité Français de Lutte contre l'Hypertension Artérielle.
En 50 ans, la perte du temps de sommeil s'élève à 1 heure 30
Alors que dans une situation normale la pression artérielle baisse la nuit pour remonter le matin, quelques minutes avant le réveil, la HTA "nocturne" est assez souvent observée chez des personnes en manque de sommeil. Et ces mauvaises nuits concernent de plus en plus de monde puisqu'en 50 ans la réduction moyenne du temps de sommeil s'élèverait à 1 heure 30. Mais un sommeil de mauvaise qualité est aussi un facteur d'hypertension, y compris chez des jeunes puisque des chiffres élevés sont observés quatre fois plus souvent chez des adolescents qui ont un sommeil perturbé par rapport à ceux qui ont un bon sommeil. Ce qui s'explique par le fait que la dette de sommeil favorise la production des hormones du stress, la rétention de sel et la prise de poids, autant de facteurs déclencheurs d'une HTA.
30 à 40% des hypertendus souffrent d'apnée du sommeil
Le lien le plus fréquent entre troubles du sommeil et hypertension artérielle reste toutefois l'apnée du sommeil. "On estime que 30 à 40% des patients souffrant d'hypertension seraient atteints d'apnée du sommeil et qu'un patient apnéique sur deux est hypertendu", souligne la Fondation de Recherche sur l'Hypertension Artérielle (FRHTA). Pourquoi ? Parce que lors de chaque apnée, la concentration en oxygène dans le sang baisse et le cerveau réagit en élevant la pression artérielle. Résultat, le risque d'apparition d'une HTA est multiplié part plus de trois chez les personnes ayant un syndrome d'apnée obstructive du sommeil (SAOS) et, surtout, l'apnée du sommeil peut réduire l'efficacité des traitements de la HTA.
"Si vous êtes hypertendu et si votre pression artérielle a du mal à se stabiliser, intéressez-vous à votre sommeil !", conseille la FRHTA en rappelant que les signes de somnolence diurne, un des symptômes les plus repérables de l'apnée du sommeil, sont observés chez plus de 12% des personnes souffrant d'hypertension artérielle.
Ci-dessous, l'interview du Pr Jean-Jacques Mourad sur les nouvelles recommandations internationales pour la prise en charge de la HTA :