- Des chercheurs ont trouvé une alternative aux traitements antibiotiques généralement administrés en cas de méningite bactérienne.
- Des essais cliniques doivent être menés sur l’Homme pour confirmer ces résultats.
En France, 1 448 personnes ont été atteintes de méningites bactériennes en 2012, selon l’Assurance maladie. Il s’agit là d’une forme plus rare que celles dites infectieuses, c’est-à-dire dues à un virus. Il existe aussi des méningites provoquées par un champignon ou un parasite. Cette maladie peut être définie comme une inflammation des méninges, c’est-à-dire les membranes qui protègent le système nerveux central : le cerveau, le cervelet, le tronc cérébral et la moelle épinière.
Des cellules immunitaires pour traiter les méningites bactériennes
Les méningites d’origine bactérienne sont les plus graves car elles entraînent - du moins c’est ce que le corps médical pensait jusqu’à présent - une inflammation du cerveau, aussi appelé oedème cérébral. Si un traitement antibiotique n’est pas rapidement mis en place, la maladie peut atteindre gravement d’autres parties du système nerveux central et même toucher l’ensemble de l’organisme. Il s’agit donc d’une urgence médicale. Mais selon une nouvelle étude publiée dans la revue Anals of Neurology, des enzymes - c’est-à-dire de simples cellules immunitaires - pourraient remplacer les antibiotiques pour stopper l'infection.
L’oedème cérébral limite la circulation sanguine dans le cerveau...
Pour comprendre l’action des enzymes, il faut bien cerner ce qu’est l’oedème cérébral. Celui-ci est produit par une accumulation de liquide dans les tissus du cerveau. Cet amas comprime les vaisseaux sanguins qui irriguent l’organe cérébral. Ainsi, ils ne peuvent plus remplir leur fonction à 100% et la circulation sanguine diminue, ce qui entraîne la mort des neurones dans les régions mal irriguées. La nouveauté ici est que les chercheurs ont découvert que l’excès de liquide était un effet secondaire de la réponse immunitaire du corps à la méningite bactérienne. L'oedème cérébral n’est donc pas dû à la méningite d’origine bactérienne en elle-même mais au mécanisme de défense de l’organisme.
...un phénomène dû à l’action des globules blancs
Dans le détail, lorsque que nous avons une méningite d’origine bactérienne, l’organisme missionne des globules blancs - appelés neutrophiles - pour le défendre. Ceux-ci luttent contre la bactérie responsable de la méningite en mettant en place différentes stratégies. C’est l’une d’entre elles qui pose problème : la création d’un filet pour attraper un maximum de bactéries et les tuer plus facilement. Les chercheurs viennent de découvrir la contrepartie néfaste de cette méthode : le filet empêche la circulation du liquide céphalo-rachidien, ce qui entraîne son accumulation et provoque un œdème cérébral.
Pour rétablir la circulation sanguine, il suffirait d’administrer des enzymes
Forts de cette découverte, les chercheurs ont donc cherché le moyen d’empêcher la mise en place de cette méthode par les neutrophiles. Pour cela, ils ont “cassé” les filets produits par ces dernier grâce à des enzymes appelées nucléases. En introduisant des nucléases dans l’organisme de rats malades, le flux du liquide céphalo-rachidien n’était pas altéré, la circulation du sang était donc normale et l’inflation cérébrale a été évitée. En parallèle, les neutrophiles ont continué à tuer les bactéries mais en utilisant d’autres stratégies. Ainsi, les scientifiques ont trouvé une alternative aux traitements antibiotiques qui, eux, n’évitent pas l’accumulation du liquide cérébrale et l’oedème cérébral.
L’espoir d’un traitement sans antibiotiques
À terme, les auteurs pensent que le traitement par nucléases pourrait être administré avec des antibiotiques.... mais aussi sans ! Le système immunitaire pourrait ainsi lutter contre l’infection mais sans effet néfaste grâce aux nucléases. Pour confirmer ces résultats, des essais devront être menés sur l’Homme… Une découverte qui permettra peut-être un jour de se passer d'antibiotiques en cas de méningite.