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Traitement

Comment éviter qu'une douleur aiguë devienne chronique

Par Jean-Guillaume Bayard

Le mécanisme moléculaire qui contrôle la transition de la douleur aiguë à la douleur chronique a été identifié et offre une cible pour pouvoir empêcher qu’une douleur ne devienne chronique.

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Les chercheurs ont identifié une enzyme intracellulaire, du nom de NAAA pour N-acyléthanolamine acide amidase, comme jouant un rôle clé pour qu’une douleur s’installe de manière chronique.
Désactiver cette enzyme dans la moelle épinière 72 heures après une lésion des tissus périphériques a permis d’arrêter le développement de la douleur chronique chez des souris.
Cela permet d'envisager un autre traitement que les opioïdes.

Environ un tiers des adultes (30%) souffrent de douleurs chroniques, selon l’Inserm. Celles-ci peuvent être liées à une pathologie, à des problèmes articulaires, musculaires, des migraines, etc. Elles sont dites chroniques quand elles durent plus de trois mois. Dans ce cas, elles ne sont plus un symptôme mais deviennent une maladie à part entière. Des chercheurs américains de l’université de Californie ont récemment identifié le mécanisme moléculaire qui déclenche la transition d’une douleur aiguë à chronique. L’étude, parue le 22 octobre dans la revue Science Advances, permet d’envisager des traitements afin d’empêcher cette transition.

Identifier de nouveaux médicaments

Les chercheurs ont identifié une enzyme intracellulaire, du nom de NAAA pour N-acyléthanolamine acide amidase, comme jouant un rôle clé pour qu’une douleur s’installe de manière chronique. Désactiver cette enzyme dans la moelle épinière 72 heures après une lésion des tissus périphériques a permis d’arrêter le développement de la douleur chronique chez des souris.

Délimiter la nature, la localisation et le moment des événements impliqués dans la chronicité de la douleur est nécessaire pour identifier les nœuds de contrôle dans le processus qui peuvent être ciblés par de nouvelles classes de médicaments modificateurs de la maladie au-delà des analgésiques, précise Daniele Piomelli, professeur d'anatomie et de neurobiologie et auteur principal de l’étude.  Cette étude est la première à identifier que la NAAA, un nœud de contrôle auparavant non reconnu, peut être efficacement ciblée par des thérapies à petites molécules qui inhibent cette enzyme et bloquent la transition de la douleur aiguë à la douleur chronique.

Une douleur qui persiste après la guérison des tissus

La douleur chronique découle d'une douleur aiguë causée par le traumatisme physique de lésions tissulaires. Le problème est qu’elle persiste bien après la guérison des tissus et est souvent résistante au traitement. Le traitement dépend en grande partie d'une poignée de classes de médicaments analgésiques tels que les opioïdes, qui peuvent perdre de leur efficacité avec le temps et peuvent également entraîner une dépendance. 

Les lésions nerveuses sont considérées comme un facteur critique dans la transition vers la douleur chronique, mais les événements moléculaires sous-jacents conduisant à son émergence ont été mal compris. “Nos résultats suggèrent qu'une nouvelle classe de médicaments, les inhibiteurs de la NAAA, peut être utilisée pour traiter diverses formes de douleur chronique et pour prévenir les blessures incisionnelles et inflammatoires après une intervention chirurgicale”, a conclu Daniele Piomelli.