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Psychologie

Les femmes, pas plus émotives que les hommes

Par Jean-Guillaume Bayard

Les femmes ne seraient pas plus émotives que les hommes, ce qui remet en cause l’exclusion de femmes de nombreux essais cliniques en raison du stéréotype selon lequel les fluctuations hormonales guident leurs émotions.

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MOTS-CLÉS :
Les chercheurs ont détecté des fluctuations des émotions de trois manières différentes.
Les hormones n'ont aucune influence dans les hauts et bas émotionnels.

C’est un cliché qui a la peau dure : les femmes sont plus émotives que les hommes. Des sentiments tels que l'enthousiasme, la nervosité ou la force sont souvent interprétés différemment entre les deux sexes. Une étude, menée par des chercheurs de l’université du Michigan et publiée le 22 octobre dans la revue Scientific Reports, renverse ce stéréotype et affirme que les émotions des hommes fluctuent dans la même mesure que celles des femmes.

Des visions différentes des émotions

Les scientifiques ont cherché à qualifier ce que signifie être émotif pour les hommes par rapport aux femmes. “Par exemple, un homme dont les émotions fluctuent lors d'un événement sportif est qualifié de ‘passionné’, mais une femme dont les émotions changent en raison d'un événement, même s'il est provoqué, est considérée comme ‘irrationnelle’”, avance Adriene Beltz, professeure de psychologie et autrice principale de l’étude.

Pour l’étude, 142 hommes et femmes ont été suivis pendant 75 jours pour en savoir plus sur leurs émotions quotidiennes, à la fois positives et négatives. Les femmes ont été divisées en quatre groupes : le premier n’ayant pas recours à une contraception hormonale et les trois autres prenant différentes formes de contraceptifs oraux.

Aucune influence hormonale

Les chercheurs ont détecté des fluctuations des émotions de trois manières différentes. Ils ont ensuite comparé ces fluctuations en fonction des sexes et n’ont trouvé peu ou pas de différences entre les hommes et les divers groupes de femmes, bien que les éléments déclencheurs de ces fluctuations soient différentes. “Nous n'avons pas non plus trouvé de différences significatives entre les groupes de femmes, ce qui montre clairement que les hauts et les bas émotionnels sont dus à de nombreuses influences, pas seulement aux hormones”, affirme Adriene Beltz.

Ces résultats sont importants car dans de trop nombreux cas, les femmes ont été exclues d’essais cliniques en raison du stéréotype selon lequel les fluctuations hormonales, qui ne peuvent pas être contrôlées expérimentalement, guident leurs émotions. “Notre étude fournit uniquement des données psychologiques pour montrer que les justifications de l'exclusion des femmes en premier lieu - parce que les hormones ovariennes fluctuent, et par conséquent les émotions, les expériences confondues - sont erronées”, a conclu Adriene Beltz.