C’est l’un des axes majeurs de la politique familiale d’Emmanuel Macron. Ce mardi a marqué le top départ de la campagne de communication pour aider les parents déboussolés à traverser la période clé des 1 000 premiers jours de l’enfant. Celle-ci s’intitule “Être parent, c’est aussi se poser des questions”. Outre des publicités à la télévision, radio et dans la presse écrite au cours des deux prochains mois, un site internet 1000-premiers-jours.fr ainsi qu’une application mobile ont été développés afin de fournir aux futurs parents les réponses aux grandes questions qu’ils se posent sur les premiers instants de la vie du bébé.
Une nécessaire vigilance
La période des 1 000 premiers jours court de la conception aux deux ans du nourrisson. “C'est au cours de cette période que sont posées les bases de la santé, du bien-être, de l'apprentissage pour toute la vie et pour les générations suivantes, a indiqué Geneviève Chêne, directrice générale de Santé publique France, lors d'une conférence de presse mardi. Un environnement favorable à la santé pendant ces 1 000 jours, c'est une meilleure santé mentale pour la vie entière, moins de risques d'addiction, de violences subies ou commises, moins d'obésité ou de risques cardiovasculaires.”
Cette période est cruciale pour le bon développement de l’enfant et sa santé tout au long de la vie. Il doit être suffisamment stimulé, avoir une alimentation saine et équilibrée et des relations affectives stables et sécurisantes. “Ces 1 000 jours sont importants pour prévenir toutes sortes de pathologies que l’on appelle non infectieuse, toutes les maladies métaboliques, le diabète, l’obésité, ajoute Fabienne Kochert, pédiatre libérale et présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa). Cela couvre la période de gestation mais également les premières années de vie de l’enfant où l’épigénétique, c’est-à-dire les facteurs environnementaux, ont un poids important. L’environnement agit énormément sur tout ce qui constitue notre organisme et c’est pour cela qu’il faut sensibiliser les parents qui doivent être vigilant.”
Tout ne se joue pas à cet instant
L’objectif derrière le site et les campagnes publicitaires, qui seront diffusés du 3 novembre au 7 décembre, est d’apporter une aide aux jeunes parents qui manquent parfois d’information. “Les parents se sentent un peu perdus, un peu submergés d'informations sur cette période. Notre rôle, comme pouvoirs publics, est d'apporter des réponses fiables et scientifiquement étayées”, a justifié le secrétaire d'Etat à l'Enfance Adrien Taquet. “Il est dans son rôle, estime Philippe Jeammet, ancien professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l’université Paris V et auteur de plusieurs ouvrages sur l’enfance. Il doit reprendre ce qui est important pour la santé, comme pour la vaccination des enfants où c’est à lui d’indiquer celles qui sont obligatoires pour la bonne santé.”
Cette campagne est conçue comme une boîte à outils dans laquelle les parents et futurs parents peuvent piocher. “Cela permet d’informer les parents pour qu’ils puissent être les meilleurs parents possibles, mais également de sensibiliser les professionnels car certains généralistes qui suivent des enfants n’ont pas toutes les clés en main pour analyser et comprendre les agissements d’un bébé, comme par exemple pourquoi il pleure”, abonde Fabienne Kochert. Le site internet, qui est déjà disponible, possède ainsi un onglet réservé aux pleures des bébés afin de d’aiguiller les parents ou futurs parents pour savoir comment réagir.
Pas une injonction
Mais il faut faire attention à ce que l’accent mis sur les 1 000 premiers jours ne soient pas pris comme une injection à trop bien faire pour les parents et de lever le pied ensuite. Si cette période apparaît essentielle pour le développement de l’enfant, cela n’est pas définitif. “Heureusement, la plasticité humaine fait que tout ne se joue pas dans les deux premières années, poursuit Philippe Jeammet. Mais il est vrai que les premiers jours sont essentiels et vont marquer la vie.”
Pour Philippe Jeammet et Fabienne Kochert, l’accent mis sur les premiers instants de vie de l’enfant ne doit pas être vécu comme une dose de stress supplémentaire pour les parents. “C’est bien de pouvoir trouver des appuis et des conseils pour nous aider. C’est dans une perspective non pas d’injonction mais de soutien”, répond le premier. “Le maître mot c’est l’accompagnement, souligne Fabienne Kochert. Avoir des informations sur les meilleurs comportements à adopter doit être vu comme un plus. Il ne s’agit pas de mettre de la pression.”