C’est un médicament ancien dont les applications pourraient être très actuelles. Un antidépresseur, la fluvoxamine, a été testé dans une étude brésilienne sur la Covid-19. Selon ses auteurs, il permettrait de réduire le risque de décès et d’hospitalisation. Les résultats ont été publiés dans The Lancet Global Health.
Des résultats enthousiasmants
Au total, près de 1 500 personnes positives à la Covid-19 ont été recrutées pour cette recherche. Toutes avaient un facteur de risque : certaines fumaient, d’autres étaient diabétiques ou avaient plus de cinquante ans. Une partie du groupe a pris de la fluvoxamine, l’autre a reçu un placebo. Pendant 28 jours, les scientifiques ont observé l’état de santé des participants. Ils ont constaté une réduction de 66% des hospitalisations dans le groupe ayant pris le médicament en comparaison aux autres. Le risque de décès a baissé de 85%.
"La fluvoxamine est, jusqu'à présent, le seul traitement qui, s'il est administré tôt, peut empêcher la COVID-19 de devenir une maladie potentiellement mortelle, s’enthousiasme Edward Mills, l’un des auteurs de cette étude. Il pourrait s'agir de l'une de nos armes les plus puissantes contre le virus et son efficacité est l'une des découvertes les plus importantes que nous ayons faites depuis le début de la pandémie." Concrètement, la fluvoxamine empêche la tempête de cytokines chez les patients contaminés par le virus. Cette réponse du système immunitaire peut sévèrement abîmer les organes.
Un médicament facilement accessible
Le scientifique souligne que la fluvoxamine a un avantage de taille : c’est un médicament peu onéreux. Dans cette étude, le traitement d’une dizaine de jours a coûté environ 4 dollars. Les auteurs de cette recherche estiment qu’il pourrait être particulièrement intéressant pour les pays les plus pauvres, où les taux de vaccination sont faibles et où l’accès aux thérapies avancées contre le virus est limité.
Quelles sont les limites ?
Dans l’étude, les chercheurs ont estimé qu’un passage de plus de six heures aux urgences, hors temps d’attente, pouvait être considéré comme une hospitalisation, "étant donné que de nombreux patients qui auraient normalement été hospitalisés n’ont pas pu l’être en raison de la surcharge de l'hôpital pendant les pics épidémiques", précisent-ils. Pour le Pr Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie médicale au CHU de Bordeaux, ce critère est discutable. "Cela ne veut strictement rien dire! affirme-t-il dans un article du Figaro. Ce n’est pas un critère solide. Être hospitalisé ou non, décéder ou non, voilà des critères solides!" D'autres recherches seront nécessaires avant que ce médicament devienne accessible pour les malades de la Covid-19.