Si les orages font peur, c’est généralement à cause de la foudre. Ce phénomène naturel peut provoquer de graves dégâts : incendies, accidents, blessures, etc. Chez l'humain, ses conséquences ne sont pas totalement connues. Pour cette raison, des chercheurs de l’université Wits, située en Afrique du Sud, ont mené une étude sur les effets de la foudre sur le corps. Dans Forensic Science, ils racontent comment ils ont pu déterminer si une personne ou un animal avait été foudroyé grâce à l’analyse de leur squelette.
Une dégradation unique de l’os
Les auteurs de cette recherche ont reproduit les effets de la foudre sur des os humains, issus de cadavres donnés à la science. "Nous avons utilisé un équipement pour générer des courants d'impulsion élevés en laboratoire (jusqu'à 10 000 ampères), détaille l’un des auteurs de l’étude, Dr Hugh Hunt, qui imitaient l'effet de la foudre traversant le squelette." Ces courants sont parfois bien plus élevés avec la foudre naturelle, mais la foudre artificielle permettait aux scientifiques d’avoir davantage de contrôle sur leur expérience. Sur les os humains et animaux, ils ont remarqué que les courants de foudre de courte durée dégradent les os. "En utilisant une microscopie à haute puissance, nous avons pu voir qu'il y a une marque de micro-fracture dans l'os causé par le passage du courant de foudre, poursuit Dr Patrick Randolph-Quinney, un autre auteur. Cela prend la forme de fissures qui irradient du centre des cellules osseuses, ou qui sautent de manière irrégulière entre les amas de cellules. Le schéma général des dégâts semble très différent par rapport à d'autres traumatismes à haute énergie, tels que ceux causés par un incendie." Pour vérifier leurs résultats, ils ont comparé les os humains ayant subi la foudre artificielle et ceux d’une girafe, tuée par la "vraie" foudre. "Le schéma du traumatisme est identique même si la micro-structure de l'os humain est différente de celle de l'os animal", concluent-ils.
Une étude, plusieurs objectifs
"Notre travail est la première recherche qui identifie les marqueurs uniques de dommages causés par la foudre au plus profond du squelette humain et nous permet de reconnaître la foudre lorsque seuls les os survivent”, explique Dr Nicholas Bacci, auteur principal de cette étude et maître de conférence à l’Ecole des sciences anatomiques de l’université de Wits. Pour lui et ses confrères, il y a plusieurs objectifs rattachés à cette recherche. D’une part, cela pourra permettre de faciliter le travail en médecine légale, pour repérer des personnes foudroyées lorsqu’il n’y a pas de trace ou de reste de brûlure. Mais à long terme, ces scientifiques souhaitent "rendre l'environnement plus sûr pour ceux qui risquent d'être tués par la foudre". Selon les auteurs de l’étude, 24 000 personnes meurent chaque année à cause de la foudre dans le monde.