En France, 48 427 nouveaux cas de cancer prostate ont été découverts chez les hommes en 2017, selon la Fondation pour la Recherche médicale. La prostate est une glande appartenant à l’appareil génital masculin, située sous la vessie et autour de l’urètre initial. Sa sécrétion contribue aux qualités du sperme et notamment à celle des spermatozoïdes. Le cancer de la prostate est assez rare avant cinquante ans et sa fréquence culmine entre 70 et 80 ans. En général, celui-ci prend naissance dans la partie périphérique de la glande, à distance de l’urètre. Souvent, il ne donne pas de symptômes, parfois il gêne l’évacuation de l’urine. Le traitement varie selon le stade de la tumeur et l’âge du patient : chirurgie, radiothérapie externe, curiethérapie, hormonothérapie, surveillance active. Parfois, plusieurs options sont possibles… Et des chercheurs viennent justement d’en découvrir une nouvelle : une molécule d’ARN qui inhibe la croissance des tumeurs. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Cancer Research, un journal de l'American Association for Cancer Research.
Les traitements actuels inefficaces à long terme
La cancer de la prostate est hormonodépendant, c’est-à-dire que sa croissance est favorisée par les hormones mâles, dont la testostérone produite par certaines cellules des testicules. Ainsi, des médicaments visent à réduire cette production mais leur efficacité ne dure pas longtemps car la plupart des patients finissent par développer une résistance à ces thérapies. Autre aspect négatif, celles-ci entraînent une impuissance sexuelle. Les scientifiques ont donc planché sur une méthode de remplacement plus efficace et moins néfaste pour la qualité de vie des patients. "Les médicaments que nous avons pour traiter le cancer de la prostate sont efficaces au départ, mais la plupart des patients commencent à développer une résistance et les médicaments cessent généralement de fonctionner après un an ou deux, explique Nupam P. Mahajan, auteur principal de l’étude. Aujourd’hui, les options disponibles pour ces patients sont très limitées. Nous avons donc voulu répondre à ce besoin - développer de nouvelles thérapies pour les patients qui ont développé une résistance à celles existantes - et nous pensons que la molécule d'ARN que nous avons identifiée peut être une bonne approche.” Il s’agit d’une molécule appelée ARN long non codant, que les scientifiques ont surnommé NXTAR.
Le récepteur aux androgènes et NXTAR
Il existe une protéine clé qui stimule la croissance des tumeurs du cancer de la prostate : le récepteur des androgènes. Il se lie à la testostérone et stimule la croissance de la maladie. Mais les scientifiques viennent de découvrir que NXTAR jouerait justement un rôle clé dans la régulation du récepteur aux androgènes. "Dans tous les échantillons de cancer de la prostate que nous étudions, il n’y a pas de NXTAR ou très rarement car il est supprimé par le récepteur aux androgènes, détaille Nupam P. Mahajan. Nous avons utilisé un médicament développé par mon laboratoire qui supprime le récepteur des androgènes et, ainsi, NXTAR est réapparu. Nous avons donc observé que la suppression du récepteur aux androgènes provoquait la réapparition de NXTAR.” Le médicament en question a été nommé (R)-9b par les chercheurs.
Rétrécissement des tumeurs grâce à NXTAR
Pour parvenir à leurs conclusions, les scientifiques ont mené leur travaux sur des souris. Ils leur ont introduit des échantillons de tumeurs de la prostate humaine et ont ainsi montré que la restauration de l'expression de NXTAR provoquait le rétrécissement des tumeurs. D’autre part, ils ont aussi prouvé qu'ils n'avaient pas besoin de tout l'ARN non codant long pour obtenir cet effet. Seule une petite section clé de la molécule NXTAR serait suffisante pour arrêter le récepteur des androgènes. "Nous espérons développer le médicament (R)-9b et NXTAR dans de nouvelles thérapies pour les patients atteints de cancer de la prostate qui ont développé une résistance aux traitements de première ligne", conclut Nupam P. Mahajan. En 2017, en France, 8 207 personnes sont décédées d’un cancer de la prostate.