- Des chercheurs plaident pour un dépistage universel et systématique des symptômes de la dépression dans les écoles.
- Selon eux, les élèves dépistés seraient deux fois plus susceptibles de commencer un traitement.
Difficultés financières, restrictions sociales, établissements scolaires fermés… Les étudiants et les élèves ont été très impactés par la crise de la Covid-19. Pour beaucoup, le moral est au plus bas et leur santé mentale inquiétante. C’est pour cette raison que des chercheurs ont voulu estimer l’impact du dépistage de la dépression dans les lycées. Leurs résultats ont été présentés dans la revue JAMA Network Open. "Notre étude est publiée à un moment où de plus en plus d'adolescents signalent des symptômes de dépression, constate le Dr Deepa Sekhar, l’un des auteurs de l’étude. De 2008 à 2018, les chiffres ont augmenté de plus de 70 %, passant de 8,3 % à 14,4 %. Pendant la pandémie, la question de l'augmentation de la dépression chez les élèves s’est généralisée. Les suicides, qui sont souvent associés à des problèmes de santé mentale, sont désormais la deuxième cause de décès chez les adolescents.”
10 à 20 % de risque de suicide chez les personnes dépressives
15 à 20 % de la population générale a été ou sera concernée par un trouble de la dépression au cours de sa vie selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Ce trouble peut survenir à tout âge, il est associé à un dysfonctionnement social et/ou à une souffrance personnelle majeurs. La déprime - qui correspond à un moment où le moral est moins bon - est à différencier de la dépression qui se présente comme une succession d’épisodes dépressifs caractérisés. Celle-ci peut avoir de graves conséquences sur le fonctionnement social de la personne car les symptômes sont nombreux, comme la tristesse pathologique, la perte de plaisir ou encore le sentiment d’angoisse quasi-permanent. La santé physique est aussi en danger, avec un risque de suicide particulièrement élevé qui concerne 10 à 20% des patients. Mais, dans 70 % des cas, les traitements sont efficaces. Il peut s’agir de médicaments antidépresseurs associés au suivi d’une psychothérapie.
12 000 élèves ont participé à l’étude
Mais pour que la dépression soit prise en charge, il faut la dépister… Chose qui n’est pas simple pour certaines catégories de la population comme les adolescents. Les scientifiques ont donc mené une étude dans quatorze lycées publics de Pennsylvanie, aux États-Unis, pour évaluer l'efficacité du dépistage précoce de cette maladie psychique. En tout, 12 000 élèves âgés de 14 à 18 ans environ ont participé à l'expérience. Les chercheurs les ont divisés en deux groupes : certains ont rempli un questionnaire visant à dépister des symptômes dépressifs tandis que les autres ont suivi l'année scolaire comme d'habitude, et n’ont reçu un dépistage et un soutien psychologique - assuré par un programme étatique d'aide - que s'ils étaient signalés en raison d'un comportement préoccupant.
Les élèves dépistés deux fois plus susceptibles de commencer un traitement
Ainsi, les chercheurs ont découvert que le dépistage scolaire universel des symptômes dépressifs - via le questionnaire - augmentait à la fois l'identification et l'initiation du traitement de la dépression chez les adolescents. Dans le détail, ceux qui avaient bénéficié d'un dépistage universel étaient deux fois plus susceptibles de commencer un traitement. À terme, les scientifiques souhaitent donc qu’un programme national soit mis en place pour dépister systématiquement les symptômes de la dépression chez les élèves. "Cette recherche montre que nous avons de meilleurs moyens pour atteindre les élèves”, conclut le Dr Deepa Sekhar. Une façon de lutter contre cette maladie psychique et d’améliorer sa prise en charge chez les plus jeunes.