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Matalafi

Une plante utilisée dans la médecine traditionnelle des îles Samoa serait aussi efficace que l’ibuprofène

Appelée matalafi, cette plante samoane aurait des propriétés anti-inflammatoires similaires à celles de l’ibuprofène et pourrait même être utilisée pour traiter le cancer, le diabète et les maladies cardiovasculaires.

Une plante utilisée dans la médecine traditionnelle des îles Samoa serait aussi efficace que l’ibuprofène Krisamorn/iStock




L'ESSENTIEL
  • Traditionnellement utilisée dans la médecine samoane, la matalafi montre de réelles propriétés anti-inflammatoires, équivalentes à celles de l'ibuprofène.
  • Cette plante est maintenant étudiée en laboratoire et pourrait être utilisée, à terme, dans le traitement contre le cancer, le diabète ou encore les maladies cardiovasculaires.

Depuis des siècles, les habitants des îles Samoa, en Polynésie, utilisent les feuilles de la plante psychotria insularum pour se soigner. Localement connue sous le nom de matalafi, elle est utilisée pour traiter l'inflammation associée à la fièvre, les douleurs, les gonflements, ainsi que les infections respiratoires.

Une nouvelle étude, publiée dans la revue PNAS, vient conforter son efficacité contre l’inflammation, et lui découvre même des propriétés qui pourraient être utiles dans le traitement contre le cancer, le diabète ou encore les maladies cardiovasculaires. "J'étais sceptique au début de mes recherches, explique au Guardian Seeseei Molimau-Samasoni, autrice de l'étude et responsable de la division des plantes et des technologies post-récolte à l'Organisation de recherche scientifique de Samoa. Il y avait beaucoup de superstition autour de cette plante en particulier, même dans la médecine traditionnelle, mais je tenais à savoir si je pouvais apporter une valeur scientifique aux médecines traditionnelles du peuple samoan."

Des propriétés anti-inflammatoires reconnues

Traditionnellement utilisées par les guérisseurs, les feuilles de matalafi sont hachées afin de récolter le jus. Les feuilles peuvent aussi être appliquer en cataplasme sur une plaie.

Dans le cas de la présente étude, les chercheurs ont mis en évidence les propriétés chélatrices de la plante. C’est-à-dire que les actifs qu’elle contient permettent d’éliminer le fer en excès dans le corps, ce qui diminue les réponses pro-inflammatoires et augmente le nombre de cytokines anti-inflammatoires présentes dans les cellules immunitaires.

"Nous pouvons maintenant mettre en évidence non seulement son potentiel en tant qu'agent anti-inflammatoire, mais aussi son potentiel en tant que traitement du cancer, des maladies neurodégénératives, du diabète, des maladies cardiovasculaires ainsi que du Covid-19", affirme la Pre Molimau-Samasoni.

La chercheuse précise cependant qu’il faudra "probablement des années avant que ce traitement ne soit disponible en tant que médicament approuvé".

Miser sur les bienfaits des médecines traditionnelles

Seeseei Molimau-Samasoni croit cependant que la médecine moderne devrait s’intéresser de façon plus pousser aux médecines traditionnelles.

"Le défi entre la médecine moderne et la médecine traditionnelle réside dans les cas où les gens se concentrent sur un seul type de médecine avant de chercher l'autre, par exemple lorsque les gens cherchent des traitements anticancéreux auprès des guérisseurs traditionnels mais se présentent à l'hôpital plus tard avec un cancer de stade quatre, lorsqu'il est trop tard pour que la médecine moderne puisse faire quoi que ce soit", explique-t-elle.

"Je sais que beaucoup de gens pensent que la médecine traditionnelle se résume à des gens qui écrasent des feuilles et la prennent juste pour l'effet placebo, mais vous devez vous rappeler que la médecine traditionnelle a apporté des contributions significatives au monde des produits pharmaceutiques modernes, dont l'aspirine est un exemple."

"Nous avons maintenant un laboratoire consacré aux avantages antimicrobiens des médecines traditionnelles, un laboratoire qui étudie l'activité antidiabétique des médecines traditionnelles et un laboratoire qui étudie l'activité anticancéreuse des médecines traditionnelles. Nous ne faisons que commencer", conclut Seeseei Molimau-Samasoni.

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