Des urgences saturées, ce ne sont pas simplement des problèmes d’organisation : des malades allongés sur des brancards dans les couloirs, des médecins qui passent plus d’une dizaine d’appel pour trouver un lit… ce sont des risques supplémentaires pour la santé des malades. C'est la mise au point qu'a faite le Pr Jean-Emmanuel de la Coussaye, qui dirige le pôle Anesthésie Réanimation Urgences du CHU de Nîmes lors de la présentation, lundi, du rapport sur les urgences du Pr Carli à la ministre de la Santé. « Quand les urgences sont saturées, cela signifie que l’établissement lui-même est en surcharge, a expliqué le Pr de la Coussaye. Et cela augmente le risque d’erreurs médicales, cela retarde la prise en charge de la douleur ou encore l’administration d’antibiotiques à quelqu’un qui a une pneumonie », a exposé l’anesthésiste réanimateur.
Le danger n’augmente pas seulement pour les personnes qui attendent des soins aux urgences, il augmente aussi pour ceux qui doivent sortir des urgences et qui ne sont pourtant plus dans une situation critique. « Une importante étude a montré que plus ils restent en attente, plus leur risque de réadmission augmente… D’une façon générale, plusieurs études scientifiques ont mis en évidence que l’engorgement des urgences multipliait par 1,7 la mortalité des malades à dix jours, et cela indépendamment de l’âge et du motif de l’hospitalisation, ce qui est énorme… », a déclaré le Pr Jean-Emmanuel de la Coussaye.
Ecouter le Pr Jean-Emmanuel de la Coussaye, responsable du pôle Anesthésie-Réanimation Urgences du CHU de Nîmes « L'engorgement des urgences a des conséquences sur la morbi-mortalité"
Face à ces chiffres, on comprend l’intérêt sanitaire de fluidifer le flux de malades aux urgences… Mais attention, pas n’importe comment ! « Si on hospitalise plus rapidement mais pas dans les services appropriés les malades qui passent aux urgences, on finit par faire augmenter d’un jour et demi la durée moyenne de séjour à l’hôpital et on augmente le taux de réadmission après », a expliqué le Pr Jean-Emmanuel de la Coussaye. Cela fait une dizaine d’années que les preuves s’accumulent des effets néfastes de l’engorgement des urgences. Le président de la CME du CHU de Nîmes se réjouit donc que la mobilisation contre ce problème soit déclarée au ministère de la Santé. Reste à passer des annonces aux actes.
Ecouter le Pr Jean-Emmanuel de la Coussaye. « Un fléau à traiter comme les accidents de la route ».