Un rythme de transmission "très préoccupant". C’est ainsi que le directeur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en Europe Hans Kluge a qualifié le rebond épidémique de Covid-19 sur le vieux continent.
Dans une conférence de presse tenue en ligne jeudi 4 novembre, Hans Kluge n’a pas caché son inquiétude et estime que l’Europe est actuellement "l’épicentre" de l’épidémie. Selon les prévisions de l’OMS, la situation actuellement pourrait occasionner le décès de 500 000 Européens d’ici février 2022.
En cause, selon Hans Kluge : une "protection vaccinale insuffisante" puisque seuls 47 % des Européens ont reçu deux doses de vaccin, mais aussi "le relâchement des mesures sanitaires et des gestes barrières".
Un relâchement au niveau européen
Il faut dire que depuis cet été avec la généralisation de la vaccination, les Français sont de moins en moins enclins à respecter port du masque et gestes sanitaires. Selon une étude IFOP parue le 15 octobre dernier, ils sont aujourd’hui les plus mauvais élèves d’Europe pour ce qui est du respect des règles d’hygiène des mains après être allés aux toilettes : seuls 76 % déclarent ainsi se les laver "systématiquement" les mains après être allés aux WC, contre 86 % des habitants en Allemagne, 83 % en Italie, 82 % au Royaume-Uni et 77 % en Espagne.
65 % des Français interrogés font de nouveau la bise à leurs proches, dix-huit mois après que cette pratique sociale a été bannie des habitudes. Ils ne sont pas les seuls en Europe : 66 % des Espagnols, 61 % des Italiens ou encore 43 % des Allemands embrassent aussi à nouveau leurs proches pour les saluer.
La poignée de mains fait aussi son grand retour : 59 % des Français déclarent l’avoir de nouveau pratiquée, contre 22 % il y a six mois. "On voit bien que les consignes des autorités sanitaires en la matière ne sont plus respectées par une majorité de Français, explique au Figaro François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l’IFOP. En France comme à l’étranger, ce retour de la bise nous paraît très symptomatique d’une certaine indifférence aux discours de prévention sanitaire."
Un virus qui circule davantage dans les lieux clos
Faut-il alors voir dans ce relâchement la raison pour laquelle la circulation du virus repart à la hausse dans le pays ?
Le professeur de santé publique Antoine Flahault relativise, en rappelant que "la transmission des virus respiratoires se fait essentiellement par voie aérosol, très peu par contamination directe."
Toutefois, l’arrivée de températures hivernales va nécessairement profiter à la Covid-19. "La saison froide s'installe progressivement en Europe de l'ouest, multipliant les interactions sociales à l'intérieur, dans des lieux souvent bondés, mal ventilés où l'on passe plusieurs heures en ouvrant beaucoup moins les fenêtres", poursuit Antoine Flahault.
D’où l’importance de continuer à respecter les gestes barrières et les distances de sécurité. À commencer par le port du masque en intérieur. "Tous les endroits où on peut passer plusieurs heures sont des endroits à haut risque de contamination", rappelle l'épidémiologiste sur FranceInfo.