- Il existe une association entre l'exposition prénatale aux substances perfluoroalkyles (PFAS) et la prééclampsie tardive.
- Les PFAS sont des substances classées comme perturbateurs reconnus et plusieurs études ont documenté leurs effets néfastes sur la santé reproductive.
Largement utilisées pour leurs propriétés antiadhésives ou anti-tâches, les substances perfluoroalkylées (PFAS) que l’on en grande quantité dans des produits courants comme les ustensiles de cuisine, les tapis et les textiles. On les retrouve aussi dans de nombreux emballages et cartons. Elles sont pourtant classées comme un perturbateur endocrinien reconnu. Parfois appelées "produits chimiques éternels", elles ont une longue durée de vie et ne se décomposent pas lorsqu’elles sont rejetées dans l’environnement. Plusieurs études ont déjà montré que les PFAS pouvaient affecter la santé reproductive au moment de la puberté, chez les femmes en âge d’avoir des enfants mais aussi chez les hommes.
Dans une étude publiée dans la revue Environmental Health Perspectives, des chercheurs du Brigham and Women's Hospital montrent cette fois-ci que l’exposition prénatale aux PFAS est associée à une prééclampsie tardive, une affection caractérisée par une hypertension et un dysfonctionnement des reins qui touche entre 2 et 8 % des grossesses aux États-Unis et jusqu’à 5 % des grossesses en France.
Un impact sur l’hypertension artérielle pendant la grossesse
"Les PFAS sont omniprésents dans l'environnement et sont couramment détectés chez les humains, explique David Cantonwine, épidémiologiste environnemental périnatal du Brigham and Women's Hospital. L'exposition aux PFAS a été liée à un large éventail d'effets néfastes sur la santé, y compris sur la reproduction. Dans notre étude, nous nous sommes concentrés sur les effets de l'exposition aux produits chimiques PFAS en début de grossesse et sur la prééclampsie."
Pour mener à bien cette étude, les chercheurs ont analysé 150 participants d’une banque de données biologiques appelée LIFECODES et qui recueille des données et des échantillons de femmes enceintes au Brigham and Women's Hospital depuis 2006. Ils ont mesuré neuf produits chimiques PFAS à environ 10 semaines de gestation chez 75 femmes ayant reçu un diagnostic de prééclampsie et 75 femmes à la tension artérielle normale.
Les résultats obtenus montrent une association manifeste entre l'exposition prénatale aux PFAS et la prééclampsie à déclenchement tardif. En revanche, les chercheurs n'ont trouvé aucune corrélation significative entre l'exposition aux SPF et les biomarqueurs angiogéniques, c’est-à-dire de la prééclampsie précoce. Cela suggère donc que le rôle joué par les PFAS dans la prééclampsie ne concerne peut-être pas principalement le développement du placenta.
"L'objectif principal de cet article était d'essayer de fournir des informations aux scientifiques qui cherchent à faire des études similaires, affirme le Pr Cantonwine. Reproduire et valider ces résultats peut contribuer à nous informer sur la façon dont les substances toxiques comme les PFAS ont un impact sur la santé maternelle, en espérant que cela conduise à des changements de politique pertinents."