- La première prescription des lunettes et des lentilles est actuellement réservée aux médecins.
- 36% des patients venus pour un contrôle de la vue chez un ophtalmologue se voient diagnostiquer une autre pathologie.
Soumis au vote de l’Assemblée nationale et du Sénat depuis le 20 octobre, le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale 2022 prévoit d’élargir les compétences des orthoptistes de niveau licence en leur ouvrant le droit à la prescription initiale des lunettes et des lentilles de contact, sans supervision médicale.
"Absurde, dangereux et inutile"
Une mesure jugée "absurde, dangereuse et inutile" par plus de 90% des ophtalmologistes, selon une étude menée par le SNOF auprès d’un panel de 1 986 répondants. Les médecins ophtalmologues pointent notamment du doigt la démédicalisation du suivi des patients et s’inquiètent d’un risque accru de retard de diagnostics de certaines maladies de l’œil. Des sociétés savantes et des associations de patients (SFO, SFOALC, AFG, FFM-SR) mettent aussi en gardent contre les risques de cette réforme ouvrant la prise en charge des patients à des auxiliaires de santé formés seulement en trois ans, contre 12 ans pour un ophtalmologiste.
Le Dr Thierry Bour, président du SNOF, déclare : "cet article 40 du projet de loi soumis au parlement représente un véritable danger pour le parcours de soins en ophtalmologie. Alors que France est la première en Europe pour le dépistage du glaucome et que les délais de RDV tendent largement à s’améliorer, les pouvoirs publics opèrent ici un changement radical du système de santé en se basant sur une étude caduque de 2018 de la DREES. Depuis, la filière a fait bouger les choses en misant sur la collaboration et le partage des tâches".
"Un climat de méfiance"
Il ajoute : "la collaboration entre ophtalmologistes et orthoptistes a été utilisée jusqu’alors de manière complémentaire pour consolider l’offre de soins et garder une prise en charge médicale. En plus de conséquences délétères sur la prise en charge des patients, l’article 40 détruirait tout ce travail collaboratif installé entre les professionnels de santé, en instaurant un climat de méfiance au sein de la filière". 7 ophtalmologistes sur 10 affirment ainsi qu’ils verront leur confiance envers les orthoptistes se dégrader si l’article était voté.