Groupes sanguins A, B, AB et O, rhésus positif ou négatif… Sans doute êtes-vous familier avec cette classification traditionnelle, qui correspondent à 98 % des besoins en transfusions. Mais savez-vous que ces groupes sanguins ne sont pas les seuls et que certaines restent très rares ?
C’est pour attirer l’attention du grand public sur ces sangs rares que l’Établissement français du sang (EFS) vient de lancer sa première semaine de sensibilisation. Son objectif : encourager toutes les personnes concernées à donner leur sang, quelle que soit leur origine.
250 groupes sanguins rares recensés en France
Car en France, ces groupes sanguins rares sont surtout présents chez les personnes aux racines africaines (Afrique, Antilles) ou originaires d’Océanie. Ils résultent du brassage des population et de notre histoire. On dénombre aujourd’hui 380 groupes sanguins. Parmi eux, 250 sont considérés comme rares, c’est-à-dire qu’ils concernent 4 personnes sur 1 000 et qu’il n’existe pas d’autres groupes sanguins compatibles pour transfuser ces patients. En France, cela concerne environ 700 000 personnes qui, pour la très grande majorité, n’auront jamais besoin d’être transfusées.
Parmi ces groupes sanguins très rares, on peut par exemple citer le groupe Bombay (hh), qui concerne 1 personne sur 1 million en Europe, ou encore le groupe rhésus nul (Rh29 négatif), porté par seulement une cinquantaine d’individus dans le monde, et par un seul donneur actif en France. En cas de transfusion, les personnes porteuses d’un groupe sanguin rare doivent recevoir un sang le plus proche possible du leur. Car recevoir un sang incompatible "rend a minima la transfusion inefficace, voire, au pire, peut tuer", explique à l’AFP le professeur Jacques Chiaroni, de l’EFS.
Diversifier les profils de donneur de sang
Les groupes sanguins considérés comme rares en France ne le sont pas nécessairement dans d’autres régions du monde. Ainsi, comme l’explique l’EFS, "un européen doté d’un groupe O négatif vivant en Chine, aura le plus grand mal à être transfusé. En Afrique, la diversité génétique est la plus importante au monde et certains groupes sanguins ne sont ainsi présents que chez des personnes d’origine africaine ou caribéenne".
En France, ce sont les groupes sanguins des personnes originaires d’Afrique, des Caraïbes (Martinique, Guadeloupe, Guyane) ou de l’Océan Indien (Réunion, Mayotte, Comores…) qui s’avèrent les plus difficiles à trouver. D’où l’importance de diversifier au maximum les profils de donneurs de sang pour éviter déséquilibres entre les produits sanguins disponibles et les besoins de malades nécessitant une transfusion.
"Ce déséquilibre est d’autant plus critique quand il touche certains patients, qu’il s’agisse de malades du cancer, de personnes victimes d’hémorragies (chirurgie, accouchements…) ou encore de patients atteints de maladies chroniques telles que la drépanocytose", note l’EFS, qui explique qu’il est toutefois possible de transfuser certaines de ces patients avec des concentrés de globules rouges "Rhésus négatif". Dans les cas les plus critiques, il est parfois nécessaire d’importer ces sangs rares. C’est ce qui s’est passé récemment pour un enfant qui devait subir une greffe de moelle en France et pour lequel l’EFS a fait venir du sang des États-Unis.
Comment savoir si l’on est porteur d’un sang rare ?
On peut repérer un porteur de sang rare par hasard, lors d’un bilan avant transfusion ou d’une campagne de dépistage. Sa fratrie est alors approchée, car elle a des chances d’avoir le même groupe sanguin.
Les sangs rares sont alors conservés à une température de – 80°C à la banque nationale de sang rare à l’hôpital Henri Mondor de Créteil, pour une trentaine d’année. A titre de comparaison, le sang classique est conservé 42 jours entre 2 et 6°C.
Les personnes concernées reçoivent une carte spéciale de groupe sanguin rare, délivrée par le Centre National de Référence pour les Groupes Sanguins (CNRGS). Il leur est conseillé d’avoir toujours sur eux cette carte en cas d’accident ou d’hospitalisation d’urgence, et d’en informer aussi son médecin traitant, particulièrement en cas de grossesse.