ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Comment l’herpès infiltre le système nerveux à vie

HSV1

Comment l’herpès infiltre le système nerveux à vie

Par Jean-Guillaume Bayard

La manière dont le virus de l’herpès, HSV1, parvient à infiltrer le système nerveux a été découverte, ouvrant la voie au développement d’un vaccin.

EzumeImages/iStock
Les chercheurs sont parvenus à décrypter en détail le mécanisme utilisé par le virus de l'herpès pour se déplacer dans l'organisme.
Ils ont identifié la kinésine, un moteur protéique, comme élément clé utilisé par le HSV1 pour pénétrer le système nerveux central.

Le virus de l’herpès, le HSV1, peut attaquer de manière très différente les hôtes. Certains patients n'éprouveront jamais plus qu'un bouton de fièvre tandis que d’autres souffriront de cécité ou d’une encéphalite pouvant être mortelle. Des chercheurs américains de l’université de Northwestern à Chicago sont parvenus à identifier la stratégie du virus pour infecter le système nerveux. Publiés le 17 novembre dans la revue Nature, ces résultats ouvrent la voie au développement de vaccins.

L’herpès, un virus sournois

Les chercheurs ont remarqué que l’herpès parvient à “kidnapper” une protéine des cellules épithéliales – les cellules qui tapissent les parois des organes - pour la transformer en un transfuge afin de voyager jusqu’au système nerveux périphérique. Ils ont appelé cela le processus d’assimilation. “C'est une découverte qui peut avoir des implications de grande envergure pour de nombreux virus, y compris le VIH et le SRAS-CoV-2”, s’est réjoui Greg Smith, professeur de microbiologie et d'immunologie et auteur principal de l’étude.

Le virus injecterait son code génétique dans le noyau des cellules afin qu'il puisse commencer à produire plus de virus de l'herpès, supposent les auteurs de l’étude. “Il reprogramme la cellule pour qu'elle devienne une usine à virus. Mais la grande question est de savoir comment parvient-elle au noyau d'un neurone ?”, s’interroge Greg Smith. Comme de nombreux virus, l’herpès s’accroche aux microtubules – qui jouent un rôle central notamment dans la division cellulaire – et utilise des moteurs protéiques, appelés dynéine et kinésine, pour se déplacer. Les chercheurs ont découvert que l'herpès utilise un moteur à kinésine qu'il apporte d'autres cellules pour le transporter vers le noyau du neurone.

Trouver un moyen de contrecarrer l’herpès

En apprenant comment le virus réalise cet exploit incroyable pour pénétrer dans notre système nerveux, nous pouvons maintenant réfléchir à la manière de supprimer cette capacité, affirme Greg Smith. Si vous pouviez l'empêcher d'assimiler la kinésine, vous auriez un virus qui ne pourrait pas infecter le système nerveux.” Les chercheurs estiment que la découverte de cette action infectieuse peut permettre de réfléchir au développement d’un vaccin pour empêcher le virus de l’herpès de se déplacer jusqu’au système nerveux.

Il s'agit de la première découverte d'un virus réutilisant une protéine cellulaire et l'utilisant pour provoquer des cycles d'infection ultérieurs, conclut Caitlin Pegg, qui a participé à l’étude. Nous sommes ravis de découvrir davantage les mécanismes moléculaires de l'évolution de ces virus qui en font sans doute les agents pathogènes les plus efficaces connus de la science.”