ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Prévention ou traitement : dans les deux cas l’anticorps d’AstraZeneca serait efficace

Covid-19

Prévention ou traitement : dans les deux cas l’anticorps d’AstraZeneca serait efficace

Par Charlotte Arce

Le laboratoire britannique a dévoilé les résultats cliniques d’AZD7442, sa combinaison de deux anticorps monoclonaux à longue durée d’action. Une seule injection réduirait non seulement significativement le risque de développer des symptômes, mais aussi le risque de forme grave et de décès.

Sundry Photography/iStock
MOTS-CLÉS :
Les patients ayant reçu une seule injection du traitement par anticorps d'AstraZeneca étaient 83 % moins susceptibles de développer des cas symptomatiques de Covid-19 que les participants ayant reçu un placebo.
Dans un essai distinct, les patients atteints de Covid-19 léger à modéré qui ont reçu une dose d’AZD7442 dans les trois jours suivant le développement des symptômes ont vu leur risque de développer une forme grave réduit de 88 %.
L'Agence européenne des médicaments a de son côté approuvé l'utilisation en cas d'urgence de la pilule anti-Covid de Merck.

Après Merck et Pfizer, c’est au tour du britannique AstraZeneca de dévoiler résultats des essais de phase III de son médicament à base d’anticorps contre la Covid-19. Connu sous le nom AZD7442, il s’agit d’une combinaison de deux anticorps à action prolongée (LAAB), le tixagevimab et le cilgavimab. Testé durant six mois à titre préventif auprès de personnes non vaccinées, il s’est montré d’une grande efficacité, et a aussi convaincu auprès de patients âgés de plus de 65 ans à risque de forme grave. Les données, dévoilées dans le British Medical Journal, montrent qu’une seule injection d’AZD7442 diminuait de 83 % le risque de développer des cas symptomatiques de Covid-19, par rapport aux participants ayant reçu un placebo. Le risque de forme grave ou de décès est quant à lui réduit de 88 %.

Un traitement à prendre préventivement

Un premier essai de phase III appelé Provent a examiné la sécurité et l'efficacité d'une injection de 300 mg d'AZD7442 à titre préventif chez des personnes non vaccinées qui ne présentaient pas de signes d'infection antérieure à la Covid-19. L'étude a été menée sur 87 sites aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Espagne, en France et en Belgique pendant six mois. Au total, 3460 personnes ont reçu le traitement et 1 727 personnes ont reçu un placebo salin.

L'évaluation a finalement porté sur 4 991 participants, dont 43 % étaient âgés de 60 ans ou plus. Par ailleurs, 75 % présentaient des comorbidités de base et d'autres caractéristiques associées à un risque accru de forme sévère.

L'analyse a montré qu'une dose de 300 mg d'AZD7442 réduisait de 83 % le risque de développer une forme symptomatique de la Covid-19, par rapport au placebo. Il n'y a eu aucun cas de Covid-19 sévère ou de décès lié à la maladie chez les participants ayant reçu l’anticorps, que ce soit lors de l'analyse primaire ou de l'analyse à six mois. Dans le groupe placebo, il y a eu cinq cas de Covid-19 sévère et deux décès liés à la Covid.

Une diminution du risque de forme grave et de décès

Le deuxième essai de phase III appelé Tackel a quant à lui évalué la sécurité et l'efficacité d'une injection unique de 600 mg d'AZD7442 contre un placebo chez des adultes non hospitalisés atteints d’une forme légère à modérée de Covid-19 et présentant des symptômes depuis moins de sept jours.

Elle comprenait 903 participants qui ont reçu de manière aléatoire soit l'AZD7442 (452 personnes), soit un placebo salin (451). Environ 13 % des participants avaient 65 ans ou plus et 90 % présentaient des comorbidités de base et d'autres caractéristiques qui les exposaient à un risque élevé de progression une forme sévère de la maladie.

L'analyse a montré qu'au 29e jour, l'AZD7442 réduisait de 88 % le risque de développer une forme sévère de Covid-19 ou un décès (toutes causes confondues) par rapport au placebo chez les patients qui présentaient des symptômes depuis trois jours ou moins au moment du traitement.

La pilule de Merck autorisée en urgence dans les pays européens

AstraZeneca précise que les résultats complets de ces deux essais de phase III seront soumis pour publication à une revue médicale évaluée par des pairs.

Le laboratoire britannique a d’ores-et-déjà déposé une demande d’autorisation pour l’utilisation d’AZD7442 dans le traitement de Covid-19 auprès de l’autorité américaine du médicament (FDA), et les États-Unis ont déjà précommandé 700 000 doses.

Cette nouvelle intervient alors que l’Agence européenne du médicament (EMA) vient d’approuver l'utilisation en cas d'urgence de la pilule anti-Covid de Merck avant son autorisation formelle au sein de l’Union européenne, envisagée pour la fin de l’année 2021. Elle entame aussi un examen de la pilule anti-Covid de Pfizer. La pilule Merck peut donc être utilisée "pour traiter les adultes atteints de Covid-19 qui n'ont pas besoin d'oxygène supplémentaire et qui présentent un risque accru de développer une forme sévère", explique l’EMA dans un communiqué. Le traitement reste cependant interdit aux femmes enceintes ou à celles n’utilisant pas de contraception et donc à risque de grossesse, précise l’instance européenne.