- La pandémie de Covid-19 a entraîné une diminution significative des infections sanguines résistantes aux antibiotiques, ainsi que des décès liés à l'antibiorésistance.
- Toutefois, la proportion d'infections sanguines résistantes à un ou plusieurs antibiotiques est restée inchangée par rapport à 2019.
- Il faut donc poursuivre les efforts entrepris depuis le début de la crise sanitaire, en particulier sur le lavage des mains, et éviter autant que possible la prescription d'antibiotiques.
La crise sanitaire de la Covid-19 aurait-elle eu comme conséquence une diminution de la résistance microbienne ?
C’est la conclusion à laquelle est parvenue l’Agence de sécurité sanitaire du Royaume-Uni en comparant les chiffres d’incidence des infections sanguines résistantes aux antibiotiques de 2020 par rapport à ceux des années précédentes.
Alors que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) alerte depuis des années sur la menace mondiale que constitue la résistance de bactéries pathogènes aux antibiotiques, ces nouveaux chiffres sont encourageants. Ils montrent qu’en 2020, 55 384 infections sanguines résistantes aux antibiotiques ont été recensées, contre 65 583 en 2019.
Les décès attribuables aux bactéries résistantes aux antibiotiques ont par ailleurs également diminué : 2 228 ont été recensés en 2020, contre 2 596 en 2019.
Une conséquence de la pandémie de Covid-19
Selon l’agence de santé britannique, cette diminution des infections sanguines résistantes aux antibiotiques est probablement due aux changements de comportement induits par la pandémie de Covid-19. Avec la crise sanitaire et les confinements, la mixité sociale a été moindre. La pandémie a aussi conduit à avoir une meilleure hygiène des mains, ainsi qu’à une diminution du nombre de personnes hospitalisées.
En effet, note le rapport, la réduction de la résistance aux antibiotiques en 2020 est principalement due à la diminution des infections sanguines à Escherichia coli (E.coli), la bactérie impliquée dans la majorité des infections nosocomiales.
Les infections à d’autres agents pathogènes a aussi diminué depuis 2019. La diminution relative la plus importante, de 59 %, ayant été observée pour Streptococcus pneumoniae, passant de 8,7 cas pour 100 000 habitants en 2019 à 3,6 pour 100 000 en 2020.
Toutefois, le nombre d’infections résistantes risque de repartir à la hausse lorsque les restrictions liées à la pandémie prendront fin, prévient l'Agence de sécurité sanitaire.
Une hausse du nombre d’infection résistantes
De plus, le rapport révèle que, bien que le nombre total d'infections et d'infections résistantes ait diminué en 2020, la proportion d'infections sanguines résistantes à un ou plusieurs antibiotiques était la même qu'en 2019 et en fait plus élevée qu'en 2016.
Parmi les principaux agents pathogènes, tels que Staphylococcus aureus, E.coli, Klebsiella pneumoniae et S pneumoniae, 77 310 infections sanguines ont été recensées en 2020, contre 88 195 en 2019 et 81 673 en 2016. Parmi celles-ci, 20 % (15 549) en 2020, 20 % (18 188) en 2019 et 18 % (14 829) en 2016 étaient résistantes aux antibiotiques.
"La résistance aux antimicrobiens (RAM) a été décrite comme une pandémie cachée, et il est important que nous ne sortions pas de la crise de la Covid-19 pour entrer dans une nouvelle, rappelle Susan Hopkins, conseillère médicale en chef à l'Agence de sécurité sanitaire du Royaume-Uni. Les infections graves résistantes aux antibiotiques augmenteront à nouveau si nous n'agissons pas de manière responsable - et cela peut être aussi simple que de se laver régulièrement et soigneusement les mains."
Diminuer la prescription d’antibiotiques
Il est aussi important de poursuivre les efforts entrepris pour diminuer la prescription d’antibiotiques quand cela est possible, à la fois en médecine générale, mais aussi en dentisteries et dans les milieux communautaires et hospitaliers. Or, si la prescription avait diminué depuis 2016, elle a de nouveau augmenté de 22 % entre 2019 et 2020.
"La pandémie de Covid-19 a été impitoyable. Mais l'utilisation d'antibiotiques pour pallier le manque d'accès aux soins dentaires urgents constitue un risque pour la sécurité des patients et doit être évitée dans la mesure du possible, souligne Wendy Thompson, membre du groupe de travail sur l'AMR de la Fédération dentaire internationale. Nous devons commencer à traiter les patients souffrant de douleurs ou d'infections dentaires aiguës, et non pas les médicamenter."