Noël approche, et peut-être que cette année, vous jouerez à des jeux de société en famille. Depuis des siècles, les humains jouent, mais les façons de faire varient selon les pays et les cultures. D’après une recherche, parue dans PLOS One, les jeux reflètent les caractéristiques socio-écologiques de la culture dont ils sont issus.
Des jeux marqués culturellement
Il existe différentes sortes de jeux : ils peuvent être coopératif, compétitif ou solitaire. "Si vous vivez en Allemagne, il y a de fortes chances que vous ayez joué à un jeu compétitif, explique Sarah Leisterer-Peoples, co-autrice de l’étude. Nous pensons que les jeux pourraient refléter des aspects des cultures humaines, tels que la compétitivité et la coopération." Précédemment, d’autres recherches ont démontré que dans les cultures où la hiérarchie est importante, ou celles avec des différences de statut et de richesse, les jeux compétitifs sont plus fréquent. À l’inverse, dans les cultures égalitaires, ou celles avec peu ou pas de différences de statut et de richesse, les jeux ont tendance à être plus coopératifs. Toutefois, ces études scientifiques présentent une limite : elles ne s’intéressent qu’à un nombre limité de cultures. Cette fois, les auteurs, membres du Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology, ont voulu tester cette affirmation sur un échantillon plus vaste.
Entre coopération et compétition
L’équipe de recherche a utilisé des données historiques sur les jeux pratiqués par les communautés situées dans le Pacifique. Celles-ci partageaient certaines caractéristiques, par exemple, leur manière de trouver de la nourriture, mais présentaient des différences, notamment dans les normes. "Nous avons essayé de nous concentrer sur ces différences, tout en tenant compte de leurs similitudes", explique Sarah Leisterer-Peoples. En parallèle, ils ont tenté de déterminer l’importance de la coopération dans chacune de ces communautés. Les chercheurs ont constaté que les communautés qui s'engagent fréquemment dans des conflits avec d'autres ont plus de jeux coopératifs que de jeux compétitifs. D'un autre côté, des conflits fréquents avec les membres de sa propre communauté sont associés à davantage de jeux compétitifs. Le degré de hiérarchisation sociale des cultures et le fait qu'elles pêchaient et chassaient en groupe n'étaient pas liés de manière fiable aux types de jeux pratiqués. "En période de conflit avec d'autres, les membres du groupe doivent coopérer les uns avec les autres et rivaliser avec leurs adversaires, analyse la scientifique. Cela se reflète dans les types de jeux qui sont joués." Elle ajoute que les jeux imitent le comportement du monde réel et peuvent être une manière d’apprendre les normes de groupe et de les mettre en pratique. "Ce n'est que le début des études sur les jeux à travers les cultures, conclut Sarah Leisterer-Peoples. Il y a beaucoup plus à découvrir !"