- La notion de conduite addictive comprend à la fois les addictions aux substances psychoactives (alcool, tabac, drogues illicites) mais également les addictions comportementales, sans substances psychoactives (jeu, par exemple).
- Les addictions posent, en France comme à l’échelle européenne et dans le reste du monde, un problème de santé publique majeur, dont les impacts sont sanitaires, médicaux et sociaux.
- Pourquoi docteur : Comment identifier un adolescent dépendant aux écrans ?
Elian Revel - Dans le cadre de nos centres de soins, nous décidons d'accompagner les jeunes quand une de ces trois évolutions apparait (en général dans cet ordre) : rupture scolaire (école), rupture éducative (parents) et ruptures sociales (amis). Souvent, les adolescents dépendants aux écrans souffrent de ces trois symptômes en même temps.
Quel qu'en soit le support, l’addiction se caractérise, selon le ministère de la Santé, "par l’impossibilité répétée de contrôler un comportement et la poursuite de ce comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives".
- Quels sont les effets négatifs de cette addiction ?
Plusieurs problématiques s'expriment dans nos centres. On reçoit beaucoup de jeunes qui, à cause de leur addiction aux écrans, souffrent de troubles du sommeil, d'un manque d'appétit et d'une perte de poids. Certains sont aussi très irritables.
- Comment la soigner ?
Si une véritable addiction aux écrans s'est installée, il faut consulter dans les centres CSAPA, qui existent partout en France. Trois/quatre séances suffisent en général à renouer le dialogue entre le jeune et ses parents. Sur un plan pratique, une fois que la famille communique de nouveau, il faut installer de nouvelles règles au sein du foyer concernant la consommation d'écran, faites de compromis et de partage.
Sur un plan psychologique, nous mettons en place "une médication par l'écran". Le but n'est pas de priver le jeune de son écran ou de son jeu vidéo, mais plutôt de comprendre ce qu'il recherche en y passant autant de temps. Est-ce une passion, une fuite de la réalité... ? L'abus de jeux vidéo est par exemple souvent synonyme chez l'adolescent du rejet de son corps et/ou d'une faible estime de soi. Une fois que l'on a identifié la cause de la dépendance, on peut travailler dessus et ainsi la soigner.
- Comment limiter le risque chez les jeunes de basculer vers un usage problématique ?
Afin de limiter le risque d'addiction aux écrans, il est indispensable que les parents participent à cette activité avec leur enfant et en comprennent les tenants et les aboutissants, sans juger. Cette démarche doit commencer au plus tôt. La tablette n’est pas une nounou, mais un véritable univers virtuel où l’enfant ne doit pas se construire tout seul.
Il faut également régulièrement proposer à l'enfant ou à l'adolescent d'autres activités : sport, lecture, musique...
- Faut-il supprimer tous les écrans de la vie d’un adolescent ?
Absolument pas. Beaucoup de jeunes jouent simplement par plaisir : à partir du moment où ce n’est pas une addiction, ce serait dommage de leur retirer. Les jeux vidéos servent aussi souvent d'exutoire aux adolescents : c'est un univers dans lequel ils peuvent se rebeller en toute sécurité. Cela permet enfin de créer une activité commune. Beaucoup de parents repartent d'ailleurs de nos centres de soins en achetant eux-mêmes une console pour jouer avec leurs enfants.
Ci-dessous, notre émission Questions aux Experts sur le thème : "Les enfants et les écrans, mode d'emploi" :